LA NÉCESSAIRE RÉPONSE SYNODALE : « Et cum spiritu tuo »
Last Updated Date : 11 mars 2025
Published Date:5 mars 2025

Sommes-nous vraiment conscients du riche bagage théologique qui s’ouvre à nous lorsque nous répondons – peut-être sans réfléchir, de manière automatique et habituelle – à la salutation Dominus vobiscum du prêtre par la formule usuelle Et cum spiritu tuo ? L’extraordinaire beauté de ce bref dialogue, ou plutôt de l’espace ouvert par quelques mots simples prononcés avec clarté, mérite une analyse attentive, que nous voudrions offrir dans cet article comme une humble contribution à la réflexion sur la synodalité[1].

De plus, le fait même que cette richesse dépasse la sphère liturgique, son Sitz im Leben approprié et nourrissant, suggère qu’il n’y a pas de sphère de la vie chrétienne qui ne soit pas influencée par son mystère. Autrement dit, il ne peut y avoir de véritable koinonia si chacun des participants ne fait pas d’abord sienne la réponse Et cum spiritu tuo. Il n’y a pas de synodalité si l’on n’est pas convaincu de la puissance performative inhérente à Et cum spiritu tuo. Il n’y a pas de diaconie sincère si celui qui sert ne découvre et ne dit pas d’abord Et cum spiritu tuo avec tout son être, plus qu’avec des mots, en discernant chez celui qu’il sert – suivant les paroles du Maître lui-même (cf. Mt 25) – la salutation tacite Dominus vobiscum. Il ne peut y avoir de véritable évangélisation de la culture ni d’inculturation de l’Évangile si l’on ne répond pas d’abord Et cum spiritu tuo. Il ne peut y avoir d’écoute authentique si l’on ne se place pas dans le souffle divin propre à Et cum spiritu tuo.

C’est l’une des expressions les plus synodales que nous connaissions. Il ne fait aucun doute qu’il ne s’agit pas seulement de l’esprit humain du prêtre comme d’une réalité naturelle, désignant son noyau vital. Il est plutôt question de sa capacité à se transcender et, surtout, à reconnaître l’action de l’Esprit Saint en l’homme. Cela se manifeste lorsque, dans sa fragilité, il s’ouvre à un autre être tout aussi vulnérable. La polysémie du terme « esprit », qui déjà dans son origine hébraïque relie le plus intime de l’humain au cosmique et au divin, et le caractère insaisissable de l’Esprit, qui se cache derrière son œuvre, nous permettent de l’interpréter ainsi.

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