LE PAPE FRANÇOIS ET L’IDÉE DE PROGRÈS
Last Updated Date : 19 octobre 2022
Published Date:4 août 2020

Le mot « progrès » est l’un des plus couramment utilisés. Il est pratiquement synonyme d’amélioration, perfection et évolution tandis que son corrélatif, « régression », indique l’involution, la décadence et le retour à un stade moins avancé ou primitif. Le besoin de progrès est inhérent à la nature même de l’homme, qui se développe, en se perfectionnant par ses activités dans le milieu historique et social, qui se transforme et se modifie à son tour. L’histoire est faite des rapports que les hommes établissent entre eux et avec l’environnement en développant leur potentiel, en progressant. Les limites du progrès sont finalement les limites de la nature humaine, qui peuvent toujours être poussées plus loin, mais jamais supprimées.

Parallèlement à cette signification générique du progrès, la modernité a introduit le mythe du progrès indéfini, qui postule la victoire finale et totale de l’humanité sur la douleur, le mal et la mort. C’est un mythe qui, malgré les démentis de l’expérience et de la pensée critique, conserve et exerce son pouvoir de suggestion sentimentale et est destiné à ressurgir dans toutes les utopies. Aujourd’hui, il est rendu plus crédible par le développement de la technoscience[1].

Le Concile Vatican II, qui constitue la plus haute forme du Magistère de l’Église au siècle dernier, reconnaît les progrès accomplis par l’homme surtout « aidé par la science et la technique », qui lui ont permis d’étendre « sa maîtrise sur presque toute la nature[2] », de sorte qu’« une poussée considérable des sciences naturelles et humaines[3] » peut être le prélude à « organisation temporelle plus parfaite[4] ». La seule préoccupation de l’Église est que « le progrès actuel des sciences et des techniques qui, en vertu de leur méthode, ne sauraient parvenir jusqu’aux profondeurs de la réalité, peut avantager un certain phénoménisme et un certain agnosticisme, lorsque les méthodes de recherche propres à ces disciplines sont prises, à tort, comme règle suprême pour la découverte de toute vérité[5] ».

Comme on le voit, le Concile parle du progrès dans son sens le plus courant et actuel. D’autres documents ecclésiastiques font presque toujours de même. Il en va de même aussi pour la prédication ordinaire. Il nous semble donc qu’au niveau du Magistère c’est dans l’encyclique Laudato si’ du pape Bergoglio qu’apparaissent pour la première fois, explicitement et clairement cités et discutés, l’idée, le sens et le mythe du progrès indéfini. Ici, nous n’avons pas l’intention de commenter l’encyclique et les six chapitres en lesquels elle est divisée mais seulement d’élucider ce qui réfère directement à cette idée.

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