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CRISE ÉCOLOGIQUE ET SPIRITUALITÉ La contribution de l’Afrique

« Personne ne lance un caillou là où il a posé un récipient de lait » (Ntawe utera ibuye aho yajishe igisabo). La sagesse de ce dicton rwandais n’a jamais été aussi nécessaire qu’elle ne l’est en ce moment historique, et particulièrement si nous pensons à l’exploitation de l’environnement. Nous continuons de lancer des cailloux qui détruisent notre « maison commune[1] ». Ce proverbe permet de montrer que les principes moraux africains reposent sur des tabous ou des interdictions qui expliquent dans le détail ce qu’il faudrait faire et ce qu’il ne faudrait pas faire afin de « maintenir l’équilibre et l’harmonie au sein de la communauté, entre les différentes communautés et avec la nature[2] ».

La majeure partie des études menées sur le changement climatique et sur les crises environnementales ont été produites ou dirigées par l’Occident ; malgré cela, la crise dégénère. Alors, nous unissons notre voix à celle d’autres théologiens, comme Laurenti Magesa, pour affirmer que la spiritualité africaine peut offrir une contribution, une éthique alternative face aux crises écologiques. Agbonkhianmeghe E. Orobator observe : « Examinée de manière attentive, la sagesse de la tradition spirituelle africaine […] offre des ressources pour cultiver des vertus adaptées et des engagements écologiques[3]. » Notre intention est de montrer la manière dont la spiritualité africaine, à travers des exemples venant du Rwanda, nous invite de nouveau à un aggiornamento, à un retour à nos origines (ressourcement), à utiliser les ressources africaines traditionnelles dans la profonde compréhension de l’exhortation du pape François à prendre soin de notre « maison commune », et pour établir le dialogue avec elle.

L’écologie représente une nouvelle frontière pour l’éthique théologique. Cependant, compte tenu de la complexité de la dégradation environnementale, il est nécessaire que les différentes aires régionales apprennent les unes des autres. Aucun individu, aucune communauté ne peut affirmer posséder toutes les réponses. Ce qui est sûr, c’est que la destruction croissante de l’environnement est majoritairement imputable à l’activité humaine. Dans son encyclique Laudato si’ (LS), le pape François écrit : « La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir. » (LS 21) Alors que la terre pousse de grands cris, des multitudes de pauvres, d’hommes et de femmes restent prises sous les décombres d’une planète qui s’écroule. Il y a un besoin urgent de réconciliation avec la création et de solidarité dans la recherche de solutions et de pratiques communes pour réduire au minimum la dévastation croissante de la planète.

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Marcel Uwineza SJ

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