Art et culture

MESSIAH-La christologie d’une série Netflix

Diffusée à partir du 1er janvier 2020, cette série de dix petits épisodes, produite par Michael Petroni[1], est un sacré pari et n’est pas sans qualités. Il faut louer le courage des producteurs et scénaristes de se lancer dans un tel projet : imaginer la venue dans le monde d’aujourd’hui d’un homme qui pourrait être considéré par certains comme un ‘messie’, Al Massih, un envoyé de Dieu. À l’ère d’internet, du téléphone portable et de la mondialisation, comment rendre compte de la venue d’un homme ‘extraordinaire’ ?

Les scénaristes ont prudemment, et intelligemment convenons-en, évité toute confrontation de leur personnage – ou de ses ‘partisans’ – avec les autorités religieuses catholiques ou juives. La seule mention de l’Église, très rapide, n’est destinée qu’à faire sourire et est à la fois ridicule et inexacte. Suite à des rumeurs d’un éventuel ‘miracle’ réalisé par le personnage clef du récit, une speakerine de la télévision annonce, en passant, que la Congrégation pour la cause des saints va ouvrir une enquête à ce sujet. C’est ridicule parce que l’Église n’ouvrira jamais une enquête sur un prétendu ‘miracle’ accompli par une personne qui n’est pas catholique. Et c’est inexact parce que, dans le cas hypothétique où elle estimerait que le personnage en question est catholique, ce ne serait pas cette Congrégation mais bien plutôt la Congrégation pour la doctrine de la foi qui interviendrait[2]. La série n’est donc pas sans défauts mais elle donne à penser. Elle ne cherche pas seulement à parler de religion et de géopolitique mais aussi de la foi dans la sphère intime.

 

Non une eschatologie mais une christologie

Le fait est que, dogmatiquement, la chose est assez simple. En effet, s’il est vrai que l’Église a, avec sagesse, peu enseigné sur la fin des temps et ses modalités, deux éléments se dégagent clairement des Écritures : c’est bien Jésus de Nazareth qui reviendra et il n’y aura aucune ambiguïté sur son identité et ensuite il viendra dans la gloire et non comme lors de sa première venue : « Le jugement dernier interviendra lors du retour glorieux du Christ. Le Père seul en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide de son avènement » (catéchisme Église catholique § 1040). Or c’est bien davantage à sa première venue que fait penser le scénario de Messiah. Nous avons une personne surgie de nulle part, en l’occurrence de Damas, dont quelques centaines de Palestiniens de Syrie pensent qu’il pourrait être, peut-être, l’homme de la fin des temps dans le contexte d’une certaine eschatologie musulmane. Et tout au long de la série le mystère demeure sur son identité.

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Marc Rastoin SJ

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