Le Concile Vatican II, reconnaissant que le mouvement pour le rétablissement de l’unité de tous les chrétiens a été suscité par le Saint-Esprit, a irrévocablement placé l’Église catholique sur la voie de l’œcuménisme. Les documents conciliaires et postconciliaires qui traitent le plus étroitement de la question œcuménique sont : Lumen gentium et Unitatis redintegratio, le Directoire œcuménique (1993) et l’encyclique de Jean-Paul II sur l’œcuménisme Ut unum sint. La voie de l’œcuménisme est maintenant irréversible[1].
Au cours des cinquante dernières années, l’Église catholique a engagé des dialogues théologiques bilatéraux avec de nombreuses autres Églises et communautés ecclésiales, aux niveaux international et régional. Walter Kasper atteste que beaucoup de préjugés et malentendus du passé ont été surmontés et que des ponts ont été construits pour une nouvelle compréhension mutuelle et une coopération concrète ; dans de nombreux cas, des convergences ont été amorcées et des accords obtenus, et les différences – bien que malheureusement encore existantes – ont été mieux identifiées[2].
« Les documents de ces dialogues n’ont pas, pour l’Église catholique, un caractère magistériel et ecclésial officiel, mais ils ont dans une large mesure un caractère exemplaire[3] ». N’ayant aucun pouvoir contraignant, ces textes doivent être « reçus et reconnus dans l’Église et par l’Église[4] ».
À la suite la participation d’observateurs luthériens au Concile Vatican II, le dialogue entre l’Église catholique et les communautés luthériennes a connu quatre phases. Le premier document était le Rapport de Malte (1972) et le dernier L’apostolicité de l’Église (2006). Après une longue série de dialogues bilatéraux, tant internationaux que régionaux, l’Église catholique a signé un accord avec la Fédération luthérienne mondiale (FLM) qui a une valeur officielle : la Déclaration commune sur la doctrine de la justification (1999)[5]. Saint Jean-Paul II a affirmé, lors de l’Angélus du 31 octobre 1999, que la Déclaration commune constituait « un jalon sur le chemin difficile qui mène à la reconstruction de la pleine unité entre chrétiens[6] ». En effet, avec ce document, les différences doctrinales entre catholiques et luthériens concernant la question de la justification, telle que cet accord substantiel la présente, n’est plus marquée par « les condamnations du Concile de Trente »[7]. Les catholiques et les luthériens ne rejettent pas les définitions doctrinales de Trente et d’Augusta mais sont « capables de les comprendre d’une manière nouvelle et plus profonde[8] ».
Il s’agit d’un consensus qualifié de « différencié »[9]. D’une part, on reconnaît que le consensus atteint touche le noyau central et essentiel de la doctrine de la justification ; d’autre part, on reconnaît que ce qui est commun est compris différemment par les catholiques et les luthériens, sans que cela ne constitue un désaccord. L’objectif n’est donc pas de parvenir à un accord unanime, mais à un consensus dans lequel les différences qui subsistent n’empêchent pas la voie vers la pleine unité visible entre l’Église catholique et les communautés ecclésiales luthériennes[10].
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