VÁCLAV HAVEL : « LE POUVOIR DES SANS-POUVOIR »
Last Updated Date : 13 juillet 2021
Published Date:28 mai 2020

Déjà trente ans se sont écoulés depuis la chute du mur de Berlin où, avec les pierres, l’idéologie du système communiste soviétique aussi s’est effondrée. Dans les plis de l’histoire de ce changement, la dissidence non violente d’hommes comme Václav Havel, le dramaturge intellectuel et libéral devenu président de la Tchécoslovaquie de 1989 à 1992, est silencieusement cachée, reconfirmée pour deux mandats en tant que président de la République tchèque de 1993 à 2003.

Quarante ans après la publication en Italie du volume de Havel Le pouvoir des sans-pouvoir et trente ans après son élection à la présidence de la Tchécoslovaquie, nous voudrions faire ressortir ici quelques enseignements encore actuels sur le rapport entre politique et pouvoir, responsabilité personnelle et (re)construction de la société civile, vérité et « mensonges » des idéologies[1].

 

Notes biographiques

Havel est né à Prague le 5 octobre 1936 d’un couple praguois bourgeois aisé et cultivé : son père, Václav Maria, s’occupe de l’immobilier et sa mère, Božena Vavrečková, est diplomate et journaliste. Il grandit dans un contexte politique où, avant l’invasion nazie de 1938, la Tchécoslovaquie est la sixième puissance économique et industrielle du monde. En 1948, lorsque le Parti communiste tchécoslovaque remporte les élections politiques et rejette le plan Marshall, la société tchécoslovaque commence à être gouverné par un seul parti, dépendant de Moscou.

Les conséquences sur la vie des personnes se font immédiatement sentir : au nom de la « haine de classe » stalinienne, il est interdit à la génération du jeune Václav d’étudier à l’université ; il est obligé de gagner sa vie par des emplois modestes qui lui permettent de terminer ses études en suivant des cours du soir et d’approfondir en autodidacte son anglais et son allemand. Le régime l’appela à effectuer près de deux ans de service militaire, de 1957 à 1959 ; puis, en 1961, il fut embauché comme ouvrier machiniste dans le nouveau théâtre de Prague.

Jeune dramaturge, il a été témoin de l’invasion soviétique du 21 août 1968, qui a bloqué le « Printemps de Prague », un rêve social et politique de huit mois visant à transformer le socialisme en démocratie. La normalisation souhaitée par le dirigeant soviétique Leonid Brejnev précipite la Tchécoslovaquie dans le déclin économique et la corruption politique

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