SOUPIRS ET SIGNES DE NOTRE TEMPS : COMMENT LES LIRE ?
Last Updated Date : 12 mai 2022
Published Date:23 août 2021

Le premier à introduire l’expression « signes des temps » dans le langage catholique officiel fut le pape Jean XXIII, dans la Constitution apostolique Humanae salutis (HS) de 1961 : « Nous savons que la vue de ces maux plonge certains dans un tel découragement, qu’ils ne voient que ténèbres enveloppant complètement notre monde. Pour Nous, Nous aimons faire toute confiance au Sauveur du genre humain qui n’abandonne pas les hommes qu’il a rachetés. Nous conformant aux paroles de Notre Seigneur, qui nous exhorte à reconnaître les « signes… des temps » (Matth. 16, 14), Nous distinguons au milieu de ces ténèbres épaisses de nombreux indices qui Nous semblent annoncer des temps meilleurs pour l’Église et le genre humain » (HS 4).

C’est à travers les signes des temps que, dans notre pèlerinage historique, Dieu nous communique sa sollicitude rédemptrice, dans un contexte où le désordre et la confusion semblent prévaloir. Il est donc nécessaire de les reconnaître et de les interpréter pour arriver à la providence aimante de Dieu qui nous est ainsi communiquée.

 

Quels sont les signes des temps en général ?

Dans la perspective chrétienne, il existe trois grandes catégories de signes des temps : primordiaux, pérennes et épisodiques. L’événement christique, dans sa totalité, est le « signe des temps primordial », au sens où tous les autres signes doivent être interprétés à sa lumière. La catégorie des « signes pérennes » en compte deux : la création en tant que telle (qui manifeste la providence de Dieu) ; le cours de l’histoire en tant que telle (qui manifeste la proximité continue de Dieu). Enfin, les « signes épisodiques » renvoient à des événements historiques particuliers, positifs ou négatifs. Pour les identifier et en saisir le sens, il faut faire un discernement. Alors que la création en tant que telle, ainsi que les temps de paix et d’harmonie pourraient plus facilement montrer la providence de Dieu, les temps difficiles exigent généralement une intériorisation de nature sociale et personnelle qui conduit au repentir et à la purification.

Pour reconnaître les signes des temps, il est nécessaire de comprendre le langage de l’Esprit, qui dans les temps changeants parle dans différentes “langues”. Il peut s’agir d’une brise légère, d’un lever de soleil radieux ou d’un paysage verdoyant dans lequel l’artiste divin s’est le mieux exprimé. D’autre part, l’Esprit peut aussi être entendu dans le cri des pauvres, dans les gémissements silencieux des malades et des mourants, dans la frustration des migrants bloqués, dans la révolte des masses opprimées, dans la violence avec laquelle le cosmos exploité répond à la dégradation écologique, ou dans les impulsions importantes que nous ressentons dans nos profondeurs. Par conséquent, il est évident que, dans le processus pour distinguer ce langage de l’Esprit, la contemplation et le discernement doivent s’accompagner d’idées émanant des sciences humaines et de la foi.

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[1] Cf. Benedetto XVI, Luce del mondo: il Papa, la Chiesa e i segni dei tempi, Milano, Mondadori, 2010, 93-101.

[2] Cf. ibid, 245-253.

[3]  A. J. Heschel, The Prophets, New York – Evanston, Harper & Row, 1962, 260.

[4] Ibid. 271 s.

[5] Cf. A. B. Irvine, «Liberation Theology in Late Modernity: An Argument for a Symbolic Approach», in Journal of the American Academy of Religion 78 (2010) 933.

[6] Cf. D. J. Neville, «Christian Scripture and Public Theology: Ruminations on their Ambiguous Relationship», in International Journal of Public Theology 7 (2013/1) 17.

[7] Cf. J. Verstraeten, «Towards Interpreting Signs of the Times, Conversation with the World and Inclusion of the Poor: Three Challenges for Catholic Social Teaching», ivi 5 (2011) 318.

[8] Cf. M. J. Minella, «Praxis and the Question of Revelation», in Iliff Review 36 (1979/3) 18.

[9] W. Huber, «The Barmen Declaration and the Kairos Document: On the Relationship between Confession and Politics», in Journal of Theology for Southern Africa 75 (1991) 55.

[10] Cfr L. N. Rivera-PagÁn, «Completing the afflictions of Christ: Archbishop Oscar Arnulfo Romero», in Apuntes 28 (2008/2) 67.

[11] Cf. F. Nwaigbo, «Instrumentum Laboris: The Holy Spirit and the Signs of the Times for the Second Synod for Africa», in African Ecclesial Review, vol. 51/4 e 52/1, 2009-2010, 604.

[12] K. Rahner, «Morte di Gesù e conclusione della rivelazione», in Id., Dio e Rivelazione. Nuovi saggi VII, Roma, Paoline, 1981, 208.

[13]  Cf. J. Sobrino, Jesus the Liberator: A Historical-Theological Reading of Jesus of Nazareth, New York, Orbis Books, 1993, 255.

[14]  Cf. E. Huenemann, «Signs of the Times: A Theological Reading», in Church & Society 75 (1985) 16.

[15] J. Moltmann, «Sighs, Signs, and Significance: Natural Science and a Hermeneutics of Nature», in Wesleyan Theological Journal 44 (2009) 20 s.

[16] Cf. L. Johnston, «The “Signs of the Times” and their Readers in Wartime and in Peace», in Journal of Moral Theology 2 (2013) 38 s.

[17] D. G. Groody, «Jesus and the undocumented Immigrant: A Spiritual Geography of a Crucified People», in Theological Studies 70 (2009) 316.

[18] Cf. C. Boff, Theology and Praxis: Epistemological Foundations, New York, Orbis Books, 1987.