RACHEL ET LÉA, SŒURS ET MÈRES D’ISRAËL
Published Date:10 novembre 2023

« Que le Seigneur rende la femme qui entre dans ta maison comme Rachel et Léa, les deux femmes qui ont édifié la maison d’Israël » (Rt 4,11). Les anciens de Bethléem adressent ces paroles de vœux à Booz, qui est sur le point de prendre pour épouse Ruth la Moabite. Mais qui sont Rachel et Léa, célébrées comme les matriarches d’Israël, c’est-à-dire celles qui ont donné naissance aux ancêtres des 12 tribus ? Tout d’abord, ce sont deux sœurs, toutes deux épouses de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham. Ce fait est déjà en contradiction avec notre sensibilité, qui a du mal à accepter que le grand patriarche soit bigame ; mais le moralisme ne doit pas nous tromper et nous empêcher de lire l’histoire de ces deux sœurs grâce auxquelles la promesse de Dieu à Abraham s’incarne dans une descendance qui ne peut être comptée (cf. Gn 13,16 ; 16,10 ; 17,6).

 

Rachel, Léa et Jacob

Rachel et Léa entrent dans l’histoire lorsque Jacob, fuyant son frère Esaü qui veut le tuer, trouve refuge à Haran, chez son oncle Laban, où il cherche une épouse parmi ses parents sur instruction explicite de son père Isaac, poussé par sa femme Rebecca (cf. Gn 27,46 ; 28,1-5)[1]. Alors que Jacob se tient près d’un puits, Rachel la bergère apparaît : « Quand Jacob vit Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, et le bétail de Laban, frère de sa mère, Jacob s’avança, roula la pierre de l’entrée du puits et fit boire les brebis de Laban, le frère de sa mère. Jacob embrassa Rachel, éleva la voix et pleura » (Gn 29,10-11)[2].

Cette réaction de la part de Jacob pourrait être décrite comme un « coup de foudre ». En effet, il trouve la force de rouler une pierre qui ne pouvait être déplacée qu’avec l’aide de plusieurs personnes (cf. Gn 29,2-3) et en même temps il exprime à la fois son affection par un baiser et sa faiblesse par des larmes qui libèrent toute la tension après un voyage long et incertain. De plus, le contexte dans lequel la scène est placée aussi prend sa connotation particulière, car dans la Bible, le puits est le lieu des fiançailles[3] et de la promesse de fécondité et de vie, symbolisée par l’eau.

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