QUI EST LE « MAUVAIS PASTEUR » ? Les caractéristiques et les images bibliques proposées par le pape François
Last Updated Date : 2 novembre 2022
Published Date:2 juin 2018

Le pasteur qui vend l’héritage reçu gratuitement

Celui qui n’était alors que le père Jorge Mario Bergoglio avait écrit un essai intitulé Le mauvais supérieur et son image[1]. Il faisait évidemment référence au supérieur de la compagnie de Jésus, lequel a une mission pastorale précise. Il est frappant de voir qu’il n’a pas utilisé, dans cet essai, l’image du mercenaire que Jésus lui-même oppose au bon pasteur, mais qu’il s’est servi de celle de l’homme qui « vend l’héritage reçu gratuitement[2] ».

La vente de l’héritage est toujours une « liquidation ». Ainsi, ceux qui vendent l’héritage sont qualifiés de « guides aveugles ». Leur cécité, leur manque de discernement, la non-reconnaissance du Fils de Dieu incarné sont à la racine de cette profanation, qui est toujours une très mauvaise affaire. Jorge Bergoglio la contextualise dans le cadre de l’Épître aux Hébreux, qui affirme : « D’un châtiment combien plus grave sera jugé digne, ne pensez-vous pas, celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, tenu pour profane le sang de l’alliance dans lequel il a été sanctifié, et outragé l’Esprit de la grâce ? » (Hb 10,29)[3]

La vente de l’héritage ne concerne pas uniquement la relation entre le pasteur et le Seigneur, mais elle porte préjudice à l’ensemble du peuple de Dieu. Ainsi, Jorge Mario Bergoglio dit que, selon Jésus, le guide aveugle est « celui qui ne garde pas son peuple loyalement[4] ».

Les pasteurs à l’odeur de brebis[5] et les liquidateurs de l’héritage reçu gratuitement sont deux images fortes utilisées pour caractériser, respectivement, le personnage du bon pasteur et celui du mauvais pasteur. L’image olfactive de l’odeur des brebis et l’image économique de celui qui brade un héritage qui ne lui appartient pas, mais qui appartient au peuple tout entier, s’impriment dans la mémoire mieux que de nombreux concepts moraux ou définitions abstraites.

Au-delà des considérations plus romantiques, la figure de Judas, le mauvais apôtre, est restée liée au fait qu’il ait vendu son ami et Seigneur pour trente pièces d’argent. En toile de fond, il y a l’image des vignerons homicides, et les propos funestes qu’« en voyant le fils [ils] se dirent par-devers eux : “Celui-ci est l’héritier : venez ! tuons-le, que nous ayons son héritage.” » (Mt 21,38)

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