La crise liée au Covid-19 a remis au premier plan une question clef des dernières années – et au fond la seule question capitale de nos pays d’Europe occidentale : y a-t-il encore un futur pour l’Union européenne ? Pour cette Union qui donne un poids et une colonne vertébrale à une Europe géographique plus difficile à définir. Peut-on encore entendre les paroles que le Seigneur inspirait au prophète Jérémie au temps de l’exil et du désespoir : « Il y a une espérance pour ton avenir – oracle du Seigneur » (Jr 31,17a) ? Face aux critiques et aux méfiances, peut-on imaginer un avenir crédible sans l’Union européenne ? Cette union n’est-elle pas le seul outil politique, plus qu’économique, pour que l’Europe n’entre pas définitivement dans les marges de l’histoire mondiale ? Ne devrait-elle pas avoir aussi une dimension culturelle et spirituelle ?
Les soubresauts de l’aide communautaire, au moment où l’effondrement économique lié au virus commençait à se dessiner, ont suscité le doute chez beaucoup de gens qui étaient jusque-là plutôt europhiles. Les eurosceptiques jubilent et brandissent leur ‘solution’ de repli sur la sphère nationale comme étant la seule possible. Les europhiles répètent que les solutions et les réponses doivent être européennes et coordonnées pour être efficaces mais le refrain semble bien usé. Peut-on discerner des raisons d’espérer ?
Une question ancienne
La question a pris une acuité plus urgente mais elle n’est en rien nouvelle. Cela fait des années que la question du nouveau souffle du processus d’Union des pays d’Europe se pose. Domination de la logique financière, déficit démocratique, obésité administrative et, surtout peut-être, panne d’inspiration pour l’avenir. L’Europe fait-elle encore rêver ? La réponse est clairement négative et le Brexit a mis en pleine lumière ce constat.
Il y a d’un côté ceux qui sont rationnellement convaincus qu’une Europe plus unie et plus décisionnaire est la seule solution pour peser face à la Chine et aux USA et, plus près de nous, pour résister au travail de sape souterrain que le dirigeant actuel de la Russie met en œuvre pour affaiblir les démocraties. Non pas d’ailleurs qu’il aurait des visées sur l’Europe en tant que telle, fût-elle orientale, mais parce qu’un échec de ce grand espace démocratique favoriserait la survie de son système autoritaire et son propre maintien au pouvoir, achevant de convaincre les Russes libéraux et démocrates – qui existent toujours – qu’il est vain de regarder à l’Ouest. Cette stratégie a deux siècles en Russie.
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