Entre le 28 mars et le 1er avril de cette année, une délégation de représentants des peuples indigènes du Canada s’est rendue à Rome, accompagnée de plusieurs évêques canadiens, et a plusieurs fois rencontré le pape François, qui a promis de leur rendre personnellement visite au Canada plus tard cet été afin de poursuivre le dialogue dans leurs « territoires d’origine ». Lors de la réunion de clôture, le Pape a déclaré : « j’espère que les rencontres de ces jours puissent ouvrir de nouvelles voies pour cheminer ensemble, donner du courage et accroître l’engagement au niveau local. Un processus de réhabilitation efficace nécessite des actions concrètes. Dans un esprit de fraternité, j’encourage les évêques et les catholiques à continuer d’avancer vers une recherche transparente de la vérité et à promouvoir la guérison des blessures et la réconciliation ; étapes d’un chemin qui permette de redécouvrir et de revitaliser votre culture, en faisant grandir l’amour, le respect et l’attention spécifique pour vos traditions authentiques dans l’Église. Je voudrais vous dire que l’Église est à vos côtés et veut continuer à marcher avec vous. Le dialogue est la clé pour se connaître et pour partager et les évêques du Canada ont clairement exprimé leur engagement à continuer à marcher avec vous d’une manière renouvelée, constructive, fructueuse, où les rencontres et les projets partagés peuvent aider[1] ».
Dans ces pages, nous tenterons d’illustrer brièvement le contexte du parcours de vérité et de réconciliation avec les peuples indigènes du Canada, auquel le Pape participe si intensément avec l’Église canadienne.
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[1] François, Discours aux délégations des peuples autochtones du Canada, 1er avril 2022 : www.vatican.va.
[2] Sur ce sujet et la discussion sur la Discovery Doctrine, voir l’important document de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques canadiens et la Lettre qui le présente : www.cccb.ca/wp-content/uploads/2017/11/catholic-response-to-doctrine-of-discovery-and-tn.pdf.
[3] François, Lettre apostolique Querida Amazonia, nº 18. L’engagement de l’Église envers les peuples autochtones au cours de l’actuel pontificat a été particulièrement évident lors du Synode sur l’Amazonie et lors de la rencontre du Pape avec les peuples amazoniens à Puerto Maldonado, au Pérou (18 janvier 2018).
[4] D’ailleurs, la nature même de ces traités, à la fin du xixe et au début du xxe siècle, a été interprétée très différemment par la tradition indigène et la mentalité européenne. Avec une formule efficace, il a été dit que pour les autochtones, ils étaient « la reconnaissance d’une relation », tandis que pour les non-autochtones, ils étaient « un transfert de pouvoir ».
[5] Cf. H. Goulet, Histoire des pensionnats indiens catholiques au Québec, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2016. Selon cette étude importante, il n’y avait que six pensionnats catholiques au Québec après 1950, dirigés par les Pères Oblats, avec une approche qui favorisait la préservation des cultures autochtones.
[6] Cf. Lettre de la Conférence des évêques canadiens à la Commission royale sur les peuples autochtones, 1993 : www.cccb.ca/wp-content/uploads/2017/10/let_justice_flow_like_a_mighty_river.pdf/ 19, nº 8.
[7] Il faut rappeler le premier « Rapport du Dr P.H. Brice au Département des Affaires Indiennes » en 1907 et plus tard son livre A National Crime, 1922, repris ces dernières années dans J. S. Milloy, A National Crime : The Canadian Government and the Residential School System, 1879 to 1986, Winnipeg, University of Manitoba Press, 1999.
[8] M. Abley, Conversation with a dead man. The Legacy of Duncan Campbell Scott, Vancouver, Douglas & McIntyre, 2013, 67. Ce volume du célèbre journaliste canadien Mark Abley se présente comme un long dialogue fictif et articulé avec Duncan Campbell Scott, qui fut longtemps un fonctionnaire dans le ministère fédéral des Affaires indiennes et un poète éminent dans l’histoire de la littérature canadienne. Abley conteste les critiques très sérieuses de Scott à l’égard du système scolaire et de la politique indienne, et Scott se défend à la lumière de la mentalité, de la culture dominante et des critères de fonctionnement de son époque. Il s’agit d’un effort original et bien documenté pour contextualiser les questions, tout en réaffirmant une critique ferme des erreurs et des injustices du passé.
[9] Encore une autre des expressions de la destruction des cultures traditionnelles était le refus ou l’interdiction de coutumes anciennes, telles que les célébrations et les danses du soleil au solstice d’été, ou le potlatch des peuples de la côte Pacifique. Les missionnaires étaient généralement contre ces coutumes, car elles comportaient également des aspects inacceptables pour la morale chrétienne (comme les blessures ou le traitement irrespectueux des femmes).
[10] Cf. le texte anglais des recommandations en https ://ehprnh2mwo3.exactdn.com/wp-content/uploads/2021/01/Calls_to_Action_English2.pdf.
[11] The Center’s website is https ://nctr.ca.
[12] Cf. Dr Scott Hamilton, « Where are the Children buried ? » : https ://ehprnh2mwo3.exactdn.com/wp-content/uploads/2021/05/AAA-Hamilton-cemetery-Final.pdf.
[13] Cf. « Statement by the National Meeting on Indian Residential School » : www.cccb.ca/wp-content/uploads/2017/10/apology_saskatoon.pdf.
[14] Cf. « An Apology to the First Nations of Canada by the Oblate Conference of Canada » : www.cccb.ca/wp-content/uploads/2017/10/oblate_apology_english.pdf.
[15] Le soulignement est dans le texte.
[16] Cf. « Let Justice flow like a mighty river » : www.cccb.ca/wp-content/uploads/2017/10/let_justice_flow_like_a_mighty_river.pdf.
[17] Cf. « Canada’s Bishops Provide Update an Indian Residential School Settlement Agreement » : www.cccb.ca/indigenous-peoples/indian-residential-schools-and-trc/canadas-bishops-provide-update-on-indian-residential-school-settlement-agreement.
[18] Cf. note 7. Les Recommandations pour l’Église se trouvent aux nos 58-61.
[19] Ibid., n. 58. Cette référence renvoie à la Lettre de Benoît XVI aux catholiques d’Irlande, du 19 mars 2010, et en particulier au nº 6 de cette Lettre : Cf. https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/letters/2010/documents/hf_ben-xvi_let_20100319_church-ireland.html.
[20] Pour la Déclaration intégrale des évêques, voir : www.cccb.ca/letter/statement-of-apology-by-the-catholic-bishops-of-canada-to-the-indigenous-peoples-of-this-land.