OUZBÉKISTAN. Un pays clé en Asie centrale
Last Updated Date : 5 février 2021
Published Date:27 mai 2020

Ces derniers temps, dans les principaux pays de l’Asie centrale ex-soviétique, il y a eu un changement de pouvoir, c’est-à-dire le transfert de pouvoir des personnes qui dirigeaient ces pays alors qu’ils étaient encore présidents des partis communistes locaux à une nouvelle génération de dirigeants. Au Kazakhstan, le premier président Nursultan Nazarbaev a démissionné ; en Ouzbékistan, le changement de pouvoir s’est produit après la mort d’Islam Karimov, et le nouveau gouvernement a engagé une série de réformes qui portent leurs fruits maintenant surtout dans le domaine économique[1], en espérant qu’elles iront au-delà de la simple adaptation du système aux besoins du développement économique.

 

Un peu d’histoire

Bien que le peuple appelé « Ouzbek » n’occupe le territoire de l’Ouzbékistan moderne que depuis le 16ème siècle, le pays peut se targuer de milliers d’années d’histoire. Le Samarkand actuel a été fondé par les Perses au 7ème siècle. Le pays était au centre de la « route de la soie » et les marchands de la région étaient les véritables médiateurs du commerce entre la Chine et l’Occident, l’Iran, Byzance, le monde islamique et même l’Europe. De plus, l’Ouzbékistan est situé dans la région où une des plus anciennes civilisations du monde est née.

La naissance de l’Ouzbékistan dans ses frontières actuelles est le résultat de la politique de l’URSS et du commissaire du peuple aux affaires étrangères Joseph Staline, même si à cette époque il n’y avait pas de nation ouzbèke (pas plus qu’il n’y avait un Kirghiz ou un Kazakh). Aujourd’hui, la population d’Ouzbékistan est composée de descendants de Turcs et d’Iraniens, les Tadjiks, qui vivent dans la région de Samarkand et Boukhara et utilisent encore la langue iranienne.

De nombreux chercheurs ont critiqué le gouvernement soviétique pour avoir créé des nations artificielles, mettant ainsi l’accent sur des différences minimes entre les peuples turcs pour répondre aux critères léninistes de nationalité[2]. En fait, cette opinion contredit la politique et la rhétorique du nationalisme de nos jours, avec son accent sur l’histoire et la culture des Ouzbeks, qui remonterait au moins jusqu’au Moyen Âge. En outre, au cours des 20 dernières années, les chercheurs ont constaté que les véritables auteurs de la création des pays modernes d’Asie centrale – y compris la nation ouzbèke (qui n’existait pas auparavant dans la conscience des Ouzbeks, car ils se considéraient comme les sujets des différents Khans de Khokand, Boukhara, etc.) – ce ne sont pas les ethnographes soviétiques ou des fonctionnaires communistes mais bien des intellectuels musulmans.

L’Ouzbékistan moderne ne remonte pas seulement à la horde du Khan Ouzbek, qui a conquis l’actuel Ouzbékistan au 16ème siècle, mais il se considère comme l’héritier de toute la civilisation d’Asie centrale, dont les origines remontent à des milliers d’années[3].

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