« NÉ D’UNE FEMME, NÉ SOUS LA LOI » :  NOËL SELON SAINT PAUL
Last Updated Date : 16 mai 2022
Published Date:17 décembre 2021

Le passage le plus ancien du Nouveau Testament concernant la naissance de Jésus se trouve dans la Lettre aux Galates : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils » (Ga 4,4-5).

C’est probablement le moment le plus fort de la Lettre, dans lequel Paul annonce l’accomplissement du salut. Dieu le Père intervient dans le cours de l’histoire par un événement extraordinaire, car la plénitude (en grec : « le remplissage ») des temps est arrivée : le temps messianique. Les âges qui ont précédé ce tournant ne sont pas seulement une période préalable mais un temps de préparation et d’attente de l’accomplissement des promesses de l’Ancien Testament. Ces promesses sont maintenant réalisées parce que le temps du Messie a commencé, et c’est le temps nouveau et définitif, le temps du salut : Dieu a envoyé son propre Fils, Jésus, « né d’une femme, né sous la Loi » (Ga 4,4). Le grec dit littéralement « devenu d’une femme », mais la Vulgate, qui a traduit filium, factum ex muliere, a plusieurs manuscrits disant natum ex muliere, peut-être pour atténuer le scandale de la réalité humaine de la naissance de Jésus.

Dans une synthèse extraordinaire, l’Apôtre présente le mystère de l’Incarnation : tout d’abord la préexistence divine de Jésus, qui est Dieu et Fils de Dieu ; ensuite sa nature humaine : le Fils est en même temps fils de l’homme, puisqu’il a été engendré par une mère. « Né d’une femme » indique que Jésus est vraiment né en tant qu’homme, dès le premier instant de sa conception et de son entrée dans le monde, avec une humanité comme la nôtre, qui a besoin de soins, d’attention, de tendresse et d’amour. Pourtant, il est immédiatement dit qu’il ne s’agit pas d’une humanité glorieuse : l’annonce, au contraire, révèle l’humiliation de Jésus dès sa naissance. Dans la Lettre aux Romains, rédigée un peu après la Lettre aux Galates, Paul précise : Dieu a envoyé « son propre Fils dans une condition charnelle semblable à celle du péché » (Rm 8,3), c’est-à-dire pour partager une chair de péché, parce qu’il entre dans un monde et dans une histoire marqués par le mal, par la douleur, par les misères humaines.

This article is reserved for paid subscribers. Please subscribe to continue reading this article
Subscribe

 

La Civiltà Cattolica