MARIA MONTESSORI : « L’ENFANT EST LE SALUT DE L’HUMANITÉ »
Last Updated Date : 19 mai 2022
Published Date:25 janvier 2022

À l’occasion du Congrès international pour le 150e anniversaire de la naissance de Maria Montessori, le pape François a défini cette pédagogue comme « l’une des figures les plus éminentes de la scène culturelle du xxe siècle, qui a profondément marqué la sphère éducative et la société dans son ensemble […] pour la construction d’un monde plus fraternel et pacifique […] Que cet anniversaire significatif encourage un dévouement généreux en faveur des nouvelles générations, afin de former des personnes solidaires, des citoyens du monde ouverts au dialogue et à l’accueil[1] ».

L’œuvre pédagogique de Montessori (1870-1952) s’est répandue de manière extraordinaire dans le monde entier : il existe aujourd’hui 65 000 écoles dans 145 pays, y compris des écoles maternelles, primaires, des collèges et des lycées. Il y en a environ 200 en Italie, 4 400 aux États-Unis, 1 100 en Allemagne, 800 au Royaume-Uni, 375 en Irlande et 460 dans le reste de l’Europe. Des écoles en Mongolie, au Mexique, en Colombie, mais aussi en Biélorussie et au Pakistan sont membres de l’Association Montessori Internationale. Il existe également des écoles en Afrique, en Australie et en Nouvelle-Zélande[2].

Plus de 150 ans après sa naissance, qu’est-ce qui a fait le succès de Montessori au point qu’elle est universellement proclamée « l’Italienne la plus célèbre du monde[3] » ?

 

Une plante pour moi et une pour Dieu

Lors du 8e Congrès international Montessori à San Remo en 1949, Montessori a raconté une histoire indienne : une bergère voulait enrichir son jardin de deux nouvelles plantes, une pour elle et une pour Dieu. Cette dernière faisait sa joie : « Elle l’arrosait soigneusement, l’abritait du soleil et empêchait les insectes de s’en approcher. Elle négligea la première et la confia aux soins d’autres personnes. Contrairement à toutes ses prédictions, la plante dédiée à Dieu mourut, tandis que l’autre prospérait. Désespérée, la bergère se demandait pourquoi. […] On lui a dit : “Tu as donné trop d’eau à cette plante, tu voulais l’éloigner du soleil et des insectes, mais la plante avait besoin du soleil pour sa chlorophylle et des insectes pour grandir et se reproduire. Tu l’as toi-même détruit par tes soins”. La même chose se produit dans le domaine de l’éducation des enfants. Souvent, l’intervention des éducateurs et des membres de la famille, bien qu’inspirée par la meilleure volonté, devient un obstacle au libre développement des forces créatrices et opprime et étouffe les énergies intimes de l’enfant, empêchant l’action de ces facteurs naturels nécessaires à la vie[4] ».

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[1] François, Messaggio in occasione del Congresso internazionale promosso nel 150.mo anniversario di nascita di Maria Montessori, 23 octobre 2021. Le Congrès avait été reporté d’un an en raison de la pandémie.

[2] Cf. C. Maurizio, « Montessori nel mondo : quante sono e dove sono le scuole », Tecnica della scuola(www.tecnicadellascuola.it/montessori-nel-mondo-quante-sono-e-dove-sono-le-scuole), 1er septembre 2020.

[3] F. De Giorgi, « Rileggere Maria Montessori. Modernismo cattolico e rinnovamento educativo », dans : M. Montessori, Dio e il bambino e altri scritti inediti, Brescia, Morcelliana-Scholé, 2020, 5.

[4] M. Montessori, « La solidarietà umana nel tempo e nello spazio », dans : La formazione dell’uomo nella ricostruzione mondiale. Atti dell’VIII Congresso Internazionale Montessori presieduto da Maria Montessori (San Remo, 22-29 agosto 1949), Rome, Ente Opera Montessori, 1950, 195.

[5] Ibid., 196.

[6] Id., « La capacità creatrice della prima infanzia », dans : ibid., 29.

[7] Ibid.

[8] Ibid., 30.

[9] Cf. L. Borghi, Il medico di Roma. Vita morte e miracoli di Guido Baccelli (1830-1916), Rome, Armando, 2015, 238.

[10] C’est le nom donné aux premières femmes diplômées en médecine. Après 1870, deux autres femmes ont obtenu leur diplôme en médecine : Ernestina Paper à Florence, en 1877, et Anna Kuliscioff à Naples, en 1887 (cf. ibid., 238).

[11] Voir la description dans M. Montessori, Il segreto dell’infanzia, Milan, Garzanti, 1950, 150-162.

[12] Le père Sturzo, leader du Parti populaire et maire de Caltagirone, a rencontré Montessori ; il appréciait sa méthode et a laissé un témoignage intéressant. Il a notamment déclaré qu’aucun préjugé anti-chrétien n’était à la base de son enseignement. Cf. F. De Giorgi, art. cit., 20 s.

[13] M. Montessori, Il metodo della pedagogia scientifica applicato all’educazione infantile nelle Case dei Bambini, Città di Castello (Pg), S. Lapi, 1909. L’œuvre était dédiée aux Franchetti. En 1912, la version anglaise, The Montessori Method : Scientific Pedagogy as Applied to Child Education in the Children’s Houses, fut publiée aux États-Unis, où elle a connu un succès retentissant :  plusieurs enseignants sont venus en Italie pour visiter les foyers pour enfants et en apprendre davantage sur son application. Il metodo a été traduit en 36 langues et publié dans 58 pays (Cf.F. De Giorgi, art. cit., 43).

[14] P. Giovetti, Maria Montessori. Una biografia, Rome, Edizioni Mediterranee, 2009, 54.

[15] Au sujet du matériel, elle écrit : « J’ai mené mes expériences sur les déficients à Rome et les ai éduqués pendant deux ans. J’ai suivi le livre d’Edouard Séguin, et j’ai aussi gardé précieusement les expériences admirables d’Itard : guidée par ces textes, je fis aussi fabriquer un matériel didactique très riche » (M. Montessori, Il metodo della pedagogia scientifica, 31).

[16] M. Montessori, La mente del bambino, Milan, Garzanti, 2017, 14.

[17] Id., Il metodo della pedagogia scientifica, 63. Cf. « Lo spauracchio della disciplina », dans : Id., Educazione per un mondo nuovo, Milan, Corriere della Sera, 2018, 124-135.

[18] Une reproduction de La Vierge à la Chaise de Raphaël trônait sur les murs de chaque pièce des Maisons des Enfants, ce qui en est presque le symbole.

[19] M. Montessori, Il segreto dell’infanzia, 262.

[20] G. Della Valle, « Le “Case dei Bambini” e la “Pedagogia scientifica” di M. Montessori », Rivista Pedagogica 4 (1911/2) 71 et 73.

[21] « Una nuova riforma edilizia e pedagogica », Civ. Catt. 1910 I 86 s.

[22] « Il metodo Montessori », Civ. Catt. 1911 I 201. Cf. la recension du volume en anglais, ibid., 1922 I 357 s.

[23] « La “Casa dei Bambini” della Montessori e l’“autoeducazione” », Civ. Catt. 1919 II 219 s. Cf. aussi M. Barbera, L’educazione nuova e il Metodo Montessori, Milan, Àncora, 1946, 135-141.

[24] Cf. F. Meda, « Il Metodo Montessori », Vita e Pensiero 13 (1922) 666-678. L’auteur écrit notamment ceci : « L’Église apparaît presque comme la fin de l’éducation que la méthode vise à donner » (ibid., 674).

[25] Cf. P. Giovetti, op. cit., 76.

[26] Cf. s. Cavalletti, « Prefazione » a M. Montessori, I bambini viventi nella Chiesa. La vita in Cristo. La Santa Messa spiegata ai bambini, Milan, Garzanti, 1970, 5 s. Trois livres ont été publiés ensemble dans ce volume : le premier date de 1922 ; le deuxième de 1931 ; le troisième, paru d’abord en anglais en 1932, puis en italien, date de 1949. La méthode Montessori a donné naissance à la « Catéchèse du Bon Pasteur » : Cf. S. Cavalletti, Il potenziale religioso del bambino. Descrizione di un’esperienza con i bambini da 3 a 6 anni, Roma, Città Nuova, 1979 ; Id., Il potenziale religioso tra i 6 e i 12 anni, Ibid., 1996 ; G. Pani, « La catechesi del “Buon Pastore”« , in Civ. Catt. 2020 III 160-169.

[27] M. Montessori, La scoperta del bambino, Milan, Garzanti, 1950, 324 s.

[28] Id., Il metodo della pedagogia scientifica…, 64.

[29] Cf. M. Barbera, L’educazione nuova e il Metodo Montessori, 133 s.

[30] B. Vespa, Donne d’Italia. Da Cleopatra a Maria Elena Boschi storia del potere femminile, Milan, Mondadori, 2015. Si veda in particolare G. Marazzi, « Montessori e Mussolini : la collaborazione e la rottura », in Dimensioni e problemi della ricerca storica 13 (2000/1) 177-195.

[31] Cf. P. Giovetti, op. cit., 78.

[32] Rosa et Carolina Agazzi étaient des pédagogues qui se sont laissés inspirer par Froebel et par la structure de l’école Kindergarten : Cf. ibid., 76.

[33] Cf. Atti dell’VIII Congresso Internazionale Montessori presieduto da Maria Montessori.

[34] Cf. M. Montessori, Come educare il potenziale umano, Milan, Garzanti, 2019.

[35] Cf. Id., Educazione per un mondo nuovo, 12.

[36] Id., « La mente assorbente », dans : La formazione dell’uomo, 340.

[37] Ibid., 341 s.

[38] Ibid., 343.

[39] Ibid., 347.

[40] G. Honneger Fresco, « Educazione cosmica : un inedito di Maria Montessori », Il Quaderno Montessori, nº 29, 1951, 61 s.

[41] M. Montessori, « La solidarietà nel tempo e nello spazio », 201 ; Id., Come educare il potenziale umano, Milan, Garzanti, 2019, 32 s.

[42] Cf. G. Galeazzi (ed.), Educazione e pace di Maria Montessori e la pedagogia della pace nel 900, Turin, Paravia, 1992 : « Nous devons nous tourner vers l’enfant comme vers un Messie, un sauveur, un régénérateur de la société. Nous devons nous dominer et nous humilier au point d’embrasser une telle conception : et ensuite aller vers l’enfant comme les Rois Mages » (ibid., 56).

[43] M. Montessori, « L’unità del mondo attraverso il bambino », dans : La formazione dell’uomo, 532.

[44] Ibid., 529.

[45] Ibid., 535 s. Cf. Id., Educazione per un mondo nuovo, 15 : « L’homme nouveau ne sera plus la victime des événements, mais aura la clarté de vision nécessaire pour diriger et façonner l’avenir de la société humaine ».