MALADIE ET FRAGILITÉ DANS LA BIBLE
Last Updated Date : 20 octobre 2022
Published Date:5 mars 2020

Devant le spectacle de la grandeur et de la magnificence du ciel délicatement brodé par les doigts de Dieu, le psalmiste se demande : « Qu’est-ce que l’homme ? » (Ps 8,5). La réponse qui suit est unique et surprenante : « Qu’est-ce que l’homme pour que Tu te souviennes de lui / le fils de l’homme, que Tu t’en soucies ? / Tu l’as fait, en effet, un peu moins qu’un dieu, / tu l’as couronné de gloire et d’honneur » (Ps 8,5-6).

L’être humain est placé au sommet de la création comme un être presque divin, avec lequel Dieu lui-même partage ses attributs de gloire et de majesté. De plus, l’homme, élevé si haut, est aussi chargé de gouverner toutes les créatures qui sont mises sous ses pieds (Ps 8,7-9). Mais la question du Psautier : « Qu’est-ce que l’homme ? » est reprise de nouveau, et cette fois elle trouve une réponse différente et à certains égards déconcertante : « Seigneur, qu’est-ce que l’homme pour que tu l’aies à cœur ? / Le fils de l’homme, pour que tu penses à lui ? / L’homme est comme un souffle, / ses jours comme une ombre qui passe » (Ps 144,3-4)[1].

Dans le psaume 144, l’être humain est présenté comme hebel, c’est-à-dire de la « vapeur inconsistante », « un soupir », « un rien », « vanité ». Les nombreuses nuances de ce mot seront reprises dans le Livre de Qohélet, où le terme hebel apparaît 38 fois : « Vanité des vanités, dit Qohélet, vanité des vanités : tout est vanité » (Qo 1,2). L’existence est instable et incertaine, tandis que la vie de l’homme est éphémère et passe vite, inexorablement.

Les deux réponses à la question : « Qu’est-ce que l’homme ? » sont vraies, et elles ouvrent une fenêtre sur ce qu’est le grand mystère de l’être humain, créé à l’image de Dieu (Gn 1,26-27) et rendu souverain du cosmos, et pourtant une créature faible et vulnérable[2]. Dans le deuxième récit de la création, une image éloquente et incisive introduit le croyant au mystère de la grandeur et de la fragilité qui caractérise chaque être humain : « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière du sol et souffla un souffle de vie dans ses narines et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7).

Dieu est présenté comme un potier qui façonne l’être humain avec de la poussière de la terre et lui insuffle un souffle de vie. Ce verset capture profondément les tensions contraires présentes chez l’homme : une créature fragile et précaire, vulnérable parce qu’il vient du sol, mais à qui, en même temps, la vie divine se transmet. L’être humain, comparé au produit du travail d’un artisan, est modelé comme un pot d’argile qui peut se briser et se casser[3]. Pourtant, il n’est pas un simple objet inanimé ; mais il est vivant, car il y a en lui ce principe vital, ce souffle de création qui n’appartient qu’à Dieu et qui de la poussière fait surgir la vie (cf. Gn 2,7).

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