LULA, PRÉSIDENT ÉLU D’UN BRÉSIL POLARISÉ
Published Date:13 janvier 2023

Il était quelques minutes avant 20 heures, le 30 octobre, et 98 % des bulletins avaient été dépouillés, lorsque le tribunal électoral a confirmé l’élection de Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence du Brésil pour les quatre prochaines années. Il s’agit d’une victoire étroite, avec une marge d’à peine plus de 2 % des voix favorables par rapport à son adversaire Jair Messias Bolsonaro, président sortant et candidat à sa réélection. Pourtant, cela a suffi à Lula pour devenir le premier président élu démocratiquement à trois reprises, après avoir déjà gouverné le pays de 2003 à 2010, pour deux mandats consécutifs. À 77 ans, il est aussi la personne la plus âgée à accéder à la présidence et la seule à avoir recueilli plus de 60 millions de voix dans l’histoire du pays. Bolsonaro, quant à lui, est le premier président du Brésil qui n’a pas été réélu depuis l’instauration de la démocratie en 1985.

 

Une brève histoire de la politique brésilienne

Les scandales soulevés entre 2003 et 2010 par les pratiques de corruption au sein du Parti des travailleurs (PT), dont Lula, alors président du Brésil, était membre, ont mis son gouvernement en grande difficulté, alors qu’il avait adopté une politique nettement sociale, visant à améliorer le bien-être et à éradiquer la faim, notamment dans la région nord-est du pays. Ces faits ont aussi retourné l’opinion publique contre lui, sapant sa crédibilité et l’estime dont il avait bénéficié. Cela n’a pas empêché Dilma Rousseff, candidate de Lula et membre du même parti, d’être élue présidente pour deux mandats (2011 et 2014). Cependant, en 2015, Rousseff a été mise en accusation, puis destituée pour des infractions administratives présumées.

C’est durant cette période que le député Bolsonaro s’est fait connaître. En se prononçant en faveur de la suspension de Mme Rousseff, il a dédié son vote à la mémoire de Carlos Alberto Brilhante Ustra, qui, pendant la dictature militaire[1], avait persécuté et torturé des opposants au régime, dont Dilma Rousseff. Avec la destitution de la présidente[2], le gouvernement est passé à son adjoint Michel Temer, qui est resté au pouvoir pendant un peu plus d’un an, puis ne s’est pas présenté à la réélection.

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