S’adressant aux membres du Parlement européen, le 25 novembre 2014, le pape François a utilisé l’image suggérée par les fresques de Raphaël qui se trouvent dans une salle du Vatican : la célèbre « École d’Athènes », qui représente une rencontre entre divers philosophes païens de l’antiquité grecque jusqu’à l’époque de l’apogée musulmane, dont la présence est indiquée par la place qu’occupe Averroès. Le Pape a affirmé que Platon, le doigt pointé vers le ciel, et Aristote, qui tend la main vers la terre, « sont une image qui décrit bien l’Europe et son histoire, faite par la rencontre continue entre le ciel et terre »[1].
Pour la plupart des pèlerins qui contemplent ces fresques situées au cœur de la Rome catholique, il semble normal que le centre du christianisme romain promeuve la mémoire de païens tels que Platon, Aristote ou même Averroès. Dans les premières communautés chrétiennes, il n’était pas évident que la foi puisse intégrer des éléments des traditions païennes et se laisser instruire par elles. En effet, si le Christ achève la révélation commencée sous l’ancienne Alliance, pourquoi écouter des païens comme Aristote ou des musulmans comme Averroès ? Ne suffit-il pas de suivre Moïse, les prophètes et les apôtres que le Seigneur a choisis ?
Répondant à ces questions, Joseph Ratzinger soutient que le christianisme a adopté une « option fondamentale » pour le logos. Ce choix essentiel permet une certaine communion entre le christianisme et d’autres traditions philosophiques et religieuses (païennes). Selon le théologien allemand, ensuite devenu pape, dans la mesure où « l’Église primitive » croyait que son Dieu et sa foi étaient liés à la vérité, les chrétiens se sont rangés du côté des philosophes qui contestaient les religions dont les mythes ne seraient que des illusions. Le choix du logos, en opposition au mythos, se traduit par le choix « pour le Dieu des philosophes et contre les dieux des religions [ceux de la mythologie grecque de l’époque] »[2].
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