L’EURO A VINGT ANS
Last Updated Date : 7 avril 2022
Published Date:6 avril 2022

Le 1er janvier 2002, voici vingt ans déjà, les billets et les pièces métalliques libellés en euro, ce qu’on appelle dans le langage des économistes l’euro « fiduciaire », était mis à la disposition du public dans douze États-membres de l’Union européenne (UE).

Sept billets (5€, 10€, 20€, 50€, 100€, 200€, 500€) et huit pièces (0,01€ ; 0,02€ ; 0,05€ ; 0,1€ ; 0,2€ ; 0,5€ ; 1€, 2€) pouvaient être ainsi vus, touchés, « palpés » par les consommateurs, commerçants et banquiers. En fait, l’euro d’aujourd’hui existait depuis trois ans déjà, précisément depuis le 1er janvier 1999. Durant ces trois années (1999, 2000, 2001), il circula sous l’habit de monnaies nationales (le franc français, le mark allemand, la lire italienne, etc.)  Sa fonction symbolique disparaissait alors sous sa fonction financière. L’euro avait déjà un cours légal, s’achetait et se vendait sur le marché des changes contre le yen japonais, le renminbi chinois, la couronne suédoise, la livre britannique, le dollar etc. Mais, du 1erjanvier 1999 au 1er janvier 2002, il n’apparaissait que dans les transactions des marchés financiers et des entreprises.

Ce stratagème (un euro caché du public sous les apparences des diverses monnaies nationales) est la conséquence mécanique d’une décision prise par onze pays européens qui fixèrent définitivement le taux de change entre leurs monnaies nationales à partir du 1er janvier 1999. Pour le Mark allemand, la conversion était simple (deux Marks pour un euro environ), pour les autres pays, plusieurs décimales étaient nécessaires, fruits d’un calcul subtil où le poids économique et le taux de change des monnaies de chaque pays jouaient de concert.

L’« Eurosystème » (espace monétaire européen) repose sur une banque centrale unique, la banque centrale européenne (BCE), dont le Comité directeur rassemble autour du Président (actuellement la Française Mme Christine Lagarde, qui succéda en 2019 à l’Italien Mario Draghi) les gouverneurs des banques centrales des divers pays partie-prenants. Son mandat est simple : la stabilité des prix, définie à l’origine comme étant « moins de 2% de hausse chaque année », redéfinie aujourd’hui comme « 2% en moyenne glissante ». Une solution qui donne une plus grande latitude pour soutenir l’activité économique par la création ex nihilo d’euros dont les créances sur les États européens, les collectivités publiques et les grandes entreprises européennes sont la contrepartie.

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[1] Carole Lager, L’Europe en quête de ses symboles, Berne, Peter Lang 1995, page 58

[2] Les douze États-membres de 1992 étaient l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, le Royaume de Hollande, le Portugal et le Royaume-Uni

[3] Étienne Perrot, Questioni politiche delle criptovalute, La Civiltà Cattolica, n° 4112 16 ott/6 nov 2021, Quindicinale Anno 172