Sous toutes les latitudes de la planète, ces derniers mois beaucoup de jeunes et de moins jeunes ont manifesté dans la rue contre leurs gouvernements (qu’ils soient autoritaires ou démocratiques). À ce sujet, rappelant le phénomène des « printemps arabes » de 2011, nous avons parlé, justement, d’« automne chaud ». Des pays comme l’Algérie, le Liban, l’Irak, l’Égypte, Haïti, le Chili, l’Équateur, la Bolivie et la Colombie, sans oublier la France des gilets jaunes et la ville chinoise de Hong Kong, ont eux aussi été « traversés », presque simultanément, par le phénomène de contestation. Les conditions politiques et sociales sont souvent différentes, mais dans tous ces pays, on demande les mêmes choses : des réformes économiques équitables, moins d’impôts, plus d’emplois et souvent un « changement de système » substantiel. La colère est généralement dirigée contre la « caste » au pouvoir (pas contre un parti en particulier, un groupe ethnique ou une confession religieuse), contre ceux qui, en ces années de crise économique, ont accumulé des richesses surprenantes, les retirant de la majorité de la population. Répondant aux journalistes sur le vol de retour du voyage apostolique en Thaïlande et au Japon, le pape François s’est dit très inquiet de ces crises mondiales qui ont bouleversé plusieurs pays et a demandé à tous de rechercher ensemble la « paix », le « dialogue » et l’« analyse » pour apporter une solution juste aux problèmes.
Quand on regarde ce phénomène, d’autres éléments sautent aux yeux. Généralement, des révoltes de ce genre ne sont pas menées par des dirigeants charismatiques et ne s’appuient même pas sur des formations de partis ; mais ce sont, le plus souvent, des manifestations pacifiques de citoyens. Tout se passe comme si la manifestation était mobilisée par une direction occulte. En y regardant de plus près, ces mouvements sont largement motivés par des slogans tels que : « Tous dehors ! Et par “tous”, nous entendons vraiment tout le monde ! » et les renseignements sur l’organisation des événements qui sont transmis via les réseaux sociaux. Le paradoxe, comme nous le verrons, est que les manifestants dénoncent généralement les inégalités produites par la mondialisation et bénéficient en même temps de l’écho planétaire que les « échanges sans frontières » donnent à leur révolte.
Du déclin du néolibéralisme aux soulèvements mondiaux
Selon le politologue français Bertrand Badie, les rébellions en cours sont « un deuxième acte de la mondialisation » où, cependant, le système néolibéral, en vigueur depuis les années 1990, est remis en cause. Ce système a, en effet, imposé une réduction de la présence de l’État dans divers domaines de la vie publique, tandis que le triomphe de l’économie de marché mondiale a produit « des disparités abyssales, affaiblissant la protection sociale et favorisant la collusion entre élites politiques et économiques. La crise financière et la visibilité offerte par l’Internet ont rendu cette situation insupportable », déclenchant ainsi des révoltes civiles, qui sont elles aussi mondiales.
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