LES CHRÉTIENS DANS LES EMPIRES CALIFAUX
Last Updated Date : 19 octobre 2022
Published Date:15 janvier 2021

Pour comprendre la situation actuelle des communautés chrétiennes dans les régions du Moyen-Orient, il est certainement nécessaire d’étudier, en parcourant des siècles d’histoire, les façons dont l’islam a organisé institutionnellement les relations entre les différentes confessions religieuses – en particulier avec le christianisme – présentes dans son vaste Empire. C’est un problème auquel l’Islam a dû faire face très tôt, car le prophète Mahomet, en organisant la communauté musulmane naissante, a aussi dû légiférer sur les relations à avoir avec les juifs et les chrétiens qui avaient vécu pendant des siècles dans la péninsule arabique, donc avant même le début de la « grande conquête » qui a changé à jamais le visage de la rive sud de la Méditerranée et des régions de l’ancien croissant fertile.

 

Les chrétiens orientaux avant la Conquête musulmane

Tout d’abord, il faut éviter de faire une lecture trop irénique et linéaire de l’histoire du christianisme antique dans les régions du Moyen-Orient et du Maghreb et en considérant, comme on le fait souvent, l’islam des origines – fortement motivé, sur le plan religieux et politique, à se développer en dehors de la péninsule arabique – comme une force destructrice et toujours oppressive à l’égard du christianisme et des chrétiens. En fait, le christianisme oriental s’était depuis longtemps divisé en différentes confessions, sur la base de disputes théologiques à forte signification politique. Ce fait a certainement favorisé la conquête musulmane de ces territoires à partir du 7ème siècle ; les divisions entre chrétiens se sont alors largement poursuivies dans ces régions même après la domination islamique.

De nos jours aussi ces divisions internes au christianisme dans les régions où il est fortement minoritaire « rendent souvent difficile une défense cohérente de l’identité et des intérêts de la minorité chrétienne face à la majorité religieuse ou à l’État[1] », qui se définit souvent comme « islamique ». Le cas le plus frappant est celui des Lieux saints, où les rivalités et les divisions entre les Confessions et les Églises chrétiennes sont tristement visibles, malgré le chemin œcuménique qu’elles ont commencé ensemble ces dernières décennies.

En tout cas, cet aspect historique mérite d’être exploré. Nous rappelons que, depuis le IIIème siècle jusqu’au VIIème siècle, lorsqu’eut lieu la conquête musulmane, le christianisme en Orient s’étendait sur un immense territoire, entre l’Égypte et la Mésopotamie (en passant par la Palestine, la Syrie, l’Asie occidentale et même certaines régions de la péninsule arabique). Elle était gouvernée par trois patriarcats importants – celui d’Alexandrie, celui d’Antioche et celui de Constantinople – qui se reconnaissaient en communion avec Rome.

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