J’ai rencontré le père Joseph Shih à la conciergerie de la résidence des jésuites « San Pietro Canisio », à deux pas du Vatican. La Civiltà Cattolica a déjà publié deux de ses articles[1], mais je ne l’avais jamais rencontré. C’est un homme de 90 ans qui m’accueille avec amabilité, avec le sourire. Son visage porte les traces des nombreuses histoires vécues. Mais les signes qui demeurent évoquent une expérience de sérénité, de paix profonde.
Je lui demande de me parler de lui, je veux qu’il me parle de lui. « Mes parents avaient cinq fils et cinq filles. Tous sont nés et ont grandi à Shanghai », me dit-il. Et il poursuit : « Moi je suis né à Ningbo et j’ai passé mon enfance avec ma grand-mère maternelle, à la campagne. Je ne me souviens plus quand je suis arrivé à Shanghai. Je me souviens que j’ai étudié à l’école Saint-Louis et au collège Saint-Ignace, à Zi-Ka-Wei. J’allais à la messe chaque jour dans l’église paroissiale. Après l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, les jésuites canadiens qui travaillaient à Xuzhou se regroupèrent dans la résidence de Zi-Ka-Wei. Certains d’entre eux venaient régulièrement à la messe dans ma paroisse. Lorsqu’en 1944, je terminai mes études au collège Saint-Ignace, j’avais déjà mûri le désir de me faire jésuite. Je suis entré dans la compagnie de Jésus le 30 août 1944. J’ai été ordonné prêtre le 16 mars 1957 aux Philippines. »
Je lui demande quelle formation il a suivie, quelles étapes il a parcourues et s’il a voyagé à travers le monde. Il me répond qu’il s’est rendu à Rome, et puis en Allemagne et en Autriche. Par la suite, il fut de nouveau appelé à Rome pour étudier et puis pour enseigner à l’Université pontificale grégorienne. Pour se préparer à l’enseignement, il accomplit un an et demi d’études à Harvard, et puis il passa plus de six mois à voyager en Afrique pour observer les effets de l’indépendance nationale sur l’Église catholique de ce continent. Par la suite, le préposé général des jésuites, le père Pedro, lui conseilla de se rendre également en Amérique latine pour mener ce même type d’études. Il a ainsi connu le Brésil et l’Argentine. À Rome, il a enseigné auprès de l’Université grégorienne pendant 35 ans et il a travaillé à Radio Vatican pendant 25 ans, au sein de la section chinoise. « C’était le père Michael Chu — poursuit-il — qui venait célébrer la messe dominicale qui était diffusée pour la Chine. Le père Berchmans Chang envoyait régulièrement ses articles de théologie et de spiritualité. Le père Matteo Chu avait une boîte postale qui nous servait pour discuter avec nos auditeurs des problèmes de l’Église en Chine. »This article is reserved for paid subscribers. Please subscribe to continue reading this article
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