Dans cet article, nous entendons réfléchir sur le style dialogique qui – selon le Magistère, à partir du Concile – fonde la théologie et la formation théologique. Sur cette base, nous examinerons ensuite diverses formes de dialogue et de renouveau au sein d’une faculté de théologie. La réflexion culminera dans ce dialogue qui est la théologie docile à l’Esprit[1].
À partir de Vatican II
La réflexion sur le dialogue et le renouveau commence par le changement de paradigme opéré dans l’Église depuis le Concile Vatican II. Avec la constitution dogmatique Dei Verbum (DV) l’Église a mis fin à une attitude qui, pendant des siècles, avait conditionné sa façon de faire de la théologie. Nous faisons référence à cette attitude défensive qui, depuis l’avènement de la modernité, l’avait amenée à se concevoir comme une forteresse assiégée par des ennemis internes et externes. Le Concile Vatican II a décidé d’interrompre cette trajectoire que l’apologétique catholique avait tracée à partir de Trente. L’Église a donc choisi un ton plus dialoguant et constructif. Vatican II a été le premier concile dans lequel aucun anathème n’a été prononcé. La révélation de Dieu y est comprise comme son autocommunication à l’humanité et comme un appel à la communion avec Lui. L’Église se conçoit désormais comme une réalité dynamique, appelée à répandre la bonne nouvelle de l’Évangile, en l’adressant à tous les hommes de la Terre.
Le Concile Vatican II a permis de retrouver une vision plus vaste et plus conforme à l’expérience de l’Église primitive : « La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié […] au peuple saint tout entier uni à ses pasteurs » (DV 10). La constitution pastorale Gaudium et spes (GS) a poussé l’Église à entrer en dialogue avec le monde, avec le moment présent, avec l’humanité entière et, dans cet engagement, à prendre conscience d’elle-même, à redécouvrir sans cesse sa véritable identité. Certes, le dialogue a pour but de rendre la proclamation de l’Évangile plus efficace, mais il est encore plus nécessaire pour saisir les signes de la présence du Christ qui apparaissent dans l’histoire. L’exercice du discernement évangélique – les fidèles exerçant le sensus fidei, leur instinct de foi – nous permet d’« écouter attentivement, de discerner et d’interpréter les multiples langages de notre temps », afin de découvrir dans la vie sociale humaine un lieu ou une plate-forme où l’Église peut se connaître plus profondément dans la « constitution que le Christ lui a donnée […], pour mieux l’exprimer et l’adapter d’une manière plus heureuse à notre époque » (GS 44).
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[1] Cet article reprend le Chancellor’s Lecture que nous avons donné au Regis College (Université de Toronto) le 19 novembre 2021. Je remercie sincèrement le Père Christian Barone et M. Robert Czerny pour leur aide précieuse dans la rédaction et la révision du texte.
[2] Cf. François, Discours à la Faculté Pontificale de Théologie de l’Italie du Sud, Section Saint-Louis, Naples, 21 juin 2019 : www.vatican.va/. Ci-après : DF (Discours de François).
[3] 34e Congrégation générale de la Compagnie de Jésus (1995), Décret 2, nº 19.
[4] Ibid.
[5] EG 231-233 ; LS 110 ; 201.
[6] François, Discours lors de la rencontre avec la communauté du mouvement des Focolari, Loppiano (Fi), 10 mai 2018.
[7] Cf. ibid.
[8] Cf. EG 239 : « C’est le moment de savoir comment, dans une culture qui privilégie le dialogue comme forme de rencontre, projeter la recherche de consensus et d’accords, mais sans la séparer de la préoccupation d’une société juste, capable de mémoire, et sans exclusions ».
[9] François, Message-vidéo au Congrès international de théologie à l’Université catholique pontificale d’Argentine, Buenos Aires, 1-3 septembre 2015.
[10] Jean-Paul II, Fides et ratio (1998), nº 85.
[11] P. Vethanayagamony, « Mission from the Rest to the West », dans : Mission After Christendom : Emergent Themes in Contemporary Mission, Westminster, John Knox, 2010, 59.