LE PRÉSIDENT MACRON, LA FRANCE ET L’EUROPE
Published Date:8 juillet 2022

Les élections en France se suivent et… ne se ressemblent pas ! Certes, c’est le même président qui a été élu qu’en 2017 : Emmanuel Macron. Et contre le même adversaire : Marine Le Pen. Et avec un écart également conséquent : 58,5 % contre 41,5% au second tour (66% 34% en 2017). Pourtant, l’élection s’est déroulée dans un tout autre climat et le contexte a bien changé en cinq ans. Son influence sur le futur de l’union européenne ne peut être sous-estimée tant une victoire de la challenger aurait eu des conséquences fortes sur ce plan-là. Cette élection est révélatrice de la situation politique et sociale propre à la France mais certains phénomènes qui s’y sont manifestés sont pertinents aussi pour d’autres démocraties du monde occidental.

Du côté de ce qui est commun, on pourrait relever l’impact de la crise du Covid, avec son noyau très idéologique d’antivax qui a traversé toutes les couches sociales[1], la nouvelle réalité des médias marquée par l’influence croissante des réseaux sociaux – et des médias à fort contenu idéologique comme certaines chaînes télévisées – où des bulles d’informations biaisées et de ‘fake news’ se multiplient, isolant les électeurs d’un fond commun d’informations, l’épuisement des partis classiques et surtout de leur logiciel de fond (que ce soit la social-démocratie ou l’idéologie conservatrice classique), l’irruption de la guerre en Ukraine (qui a renforcé la stature du président et qui lui a permis de retarder son entrée effective en campagne), le côté de plus en plus important du facteur personnel sur le côté programmatique ou partisan, la montée aussi des inquiétudes écologiques liées au changement climatique. On peut aussi ajouter le thème qui devint dominant dans les dernières semaines de campagne : le pouvoir d’achat atteint par une inflation croissante.

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[1] Relativement réduit en nombre, ils ont été très actifs dans leur opposition, jusqu’à justifier parfois des actions très violentes en particulier dans les DOM-TOM (territoires d’outre-Mer) où ils ont été particulièrement puissants et ont contribué, d’une part, à nourrir une très forte abstention et, d’autre part, un vote protestataire (Mélenchon au 1er tour, le Pen au second).

[2] Programme de Jean-Luc Mélenchon :

https://laec.fr/chapitre/12/europe?q=europ%C3%A9ennes,europ%C3%A9enne,l%27Union,Europe. Pour ce qui est de Marine Le Pen elle évoque : « la création d’une Alliance Européenne des Nations qui a vocation à se substituer progressivement à l’Union Européenne », https://mlafrance.fr/pdfs/manifeste-m-la-france-programme-presidentiel.pdf.

[3] Cf. Libération du 14 avril 2022, l’article de Nicolas Massol et Tristan Berteloot intitulé, « Au meeting de Le Pen à Avignon, ‘on en a marre des Arabes» et de Macron’ ».

[4] Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Terrorisme_islamiste_en_France.

[5] Auteur d’un livre à succès : L’Archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée, Seuil, 2019.

[6] Terme forgé en 2010 par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus.

[7] Présentation de son livre : L’Archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée, Seuil, 2019. https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/04/119082-Rapport.pdf

[8] Cf. Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse, Seuil, 2015.

[9] Cf. https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/04/119082-Rapport.pdf. Au premier tour, pour les pratiquants réguliers, M. Le Pen, 21%, E. Zemmour, 16%, N. Dupont-Aignan 3%.

[10] Expression qui fut plusieurs fois employée fin 2018, notamment par le Président Macron lui-même.

[11] L’humoriste Naïm a eu ce mot d’esprit, cruel mais hélas assez pertinent, que je paraphrase légèrement : « Les jeunes ne vont pas voter, comme s’ils n’avaient pas d’avenir et les vieux vont voter comme s’ils avaient encore un avenir ! » (https://www.youtube.com/watch?v=gl7Ou9otmKM).

[12] La formule a été employée en janvier 2014 déjà par Larry Elliott dans The Guardian°: https://www.theguardian.com/world/2014/jan/14/france-sick-man-europe-economy.