L’impulsion de renouveau que le pape François donne à la vie des croyants concerne toutes les dimensions de la communauté ecclésiale et atteint les différents domaines de la vie de l’Église. Bien que l’on sous-estime souvent l’importance que le Pape attribue à la théologie, le sérieux et la rigueur de la compréhension de l’expérience de la foi lui tiennent très à cœur. À plusieurs reprises, François a insisté sur la nécessité d’une réflexion théologique qui se développe de manière organique, aussi bien au niveau académique que sous des formes institutionnellement structurées.
Indications de François concernant la réflexion théologique
Le Pape a illustré, en diverses occasions, les aspects qu’il considère comme les plus importants dans l’élaboration de la pensée qui entend rendre raison de la foi. Déjà dans l’exhortation apostolique post-synodale Evangelii gaudium (EG), document programmatique de son pontificat[1], il a noté que le service des théologiens fait « partie de la mission salvifique de l’Église. Mais il est nécessaire, qu’à cette fin, ils aient à cœur la finalité évangélisatrice de l’Église et de la théologie elle-même, et qu’ils ne se contentent pas d’une théologie de bureau » (EG 133).
C’est pourquoi la notion de miséricorde est centrale, car elle est au cœur de la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Le Pape a écrit aux professeurs de l’Université pontificale catholique d’Argentine : « Je vous encourage à étudier comment, dans les diverses disciplines – la dogmatique, la morale, la spiritualité, le droit et ainsi de suite – peut se refléter le caractère central de la miséricorde[2] ».
La théologie – a écrit François – doit être « l’expression d’une Église qui est “un hôpital de campagne”, qui vit sa mission de salut et de guérison dans le monde ! La miséricorde n’est pas seulement une attitude pastorale, mais elle est la substance même de l’Évangile de Jésus […]. Sans miséricorde, notre théologie, notre droit, notre pastorale, courent le risque de sombrer dans la mesquinerie bureaucratique ou dans l’idéologie, qui par sa nature veut apprivoiser le mystère. Comprendre la théologie, c’est comprendre Dieu qui est amour[3] ». Dans les Évangiles, nous voyons Jésus toujours attentif à accomplir le sens des préceptes de la loi divine dans une logique qui promeut l’humain, évitant ainsi ce qui nuit à la dignité de la personne : les controverses au sujet du sabbat et de la priorité de la miséricorde sur le sacrifice sont des exemples éloquents (cf. Mt 12,7)[4]. La miséricorde ainsi comprise ne constitue pas « un substitut pour la vérité et la justice, mais elle est une condition pour pouvoir les trouver[5] ».
De plus, pour être une partie de la mission évangélisatrice de l’Église, la théologie ne doit pas se séparer de la pastorale ni – ce qui serait encore pire – s’y opposer[6]. Afin d’aller dans ce sens, le contact avec l’expérience dans laquelle les fidèles sont immergés au quotidien est d’une importance fondamentale. Deux exigences en découlent : d’une part, connaître les situations concrètes dans lesquelles les gens passent leur vie, en particulier ceux qui se retrouvent dans diverses formes périphériques et, donc, dans une situation de vulnérabilité accrue ; d’autre part, acquérir la capacité de communiquer de manière compréhensible avec des interlocuteurs de cultures différentes, dans une grande variété de lieux et d’époques.
This article is reserved for paid subscribers. Please subscribe to continue reading this article
Subscribe
Bienvenue à
La Civiltà Cattolica !
Cet article est réservé aux abonnés payants
Veuillez vous connecter ou vous abonner pour continuer à lire cet article