« LE LIVRE DES RÉVOLUTIONS » Les batailles de prêtres, prophètes et rois qui ont donné naissance à la Torah
Published Date:14 février 2023

Pendant des siècles, les catholiques ont considéré les Juifs comme des adeptes plus ou moins aveugles d’un Ancien Testament qu’ils ne pouvaient pas vraiment comprendre, car, après la venue du Christ, ce texte n’avait plus de signification indépendante. Selon l’expression polémique de saint Paul, un voile recouvrait leur esprit et les empêchait de comprendre : « Mais leurs pensées se sont endurcies. Jusqu’à ce jour, en effet, le même voile demeure quand on lit l’Ancien Testament ; il n’est pas retiré car c’est dans le Christ qu’il disparaît » (2 Co 3,14).

Dans l’art, et en particulier dans la sculpture, cette citation a été traduite par une image bien connue représentant deux sœurs jumelles : l’une est la fière et puissante Ekklesia (Église), au regard perçant, et l’autre, la Synagoga (Synagogue), est découragée, abattue et a les yeux bandés. L’Église détenait le monopole de la compréhension de l’Ancien Testament en vertu d’une exégèse allégorique qui voyait le Christ présent implicitement partout dans l’Ancien Testament et explicitement dans le Nouveau. Saint Augustin a comparé de manière imaginative les Juifs à l’esclave romain qui marchait derrière le fils de son maître en lui portant ses livres sur le chemin de l’école. Il ne pouvait pas les lire, mais il s’assurait qu’ils soient disponibles. Dans son commentaire du psaume 56, il écrit : « Ils sont devenus nos porteurs de livres, comme ces serviteurs qui portent des codex derrière leurs maîtres. Les serviteurs peinent en les portant, les maîtres font du progrès en les lisant ».

This article is reserved for paid subscribers. Please subscribe to continue reading this article
Subscribe