LE DISCERNEMENT SPIRITUEL DANS « CHRISTUS VIVIT ». Entre Ulysse et Orphée
Last Updated Date : 5 février 2021
Published Date:3 juin 2020

Christus vivit, le Christ est vivant[1]. C’est ainsi que s’intitule l’Exhortation post-synodale que le pape François adresse avec affection « aux jeunes et à tout le peuple de Dieu », pasteurs et fidèles. Elle se fait l’écho de « mille voix de croyants » qui lui ont fait part de leurs opinions et des questions que lui ont adressées de nombreux jeunes non croyants (cf. CV 3-4).

Le dernier chapitre, le neuvième, a pour titre « Le discernement ». Il s’articule en vingt points dont le caractère polyédrique représente, de manière concise, mais significative, « ce merveilleux polyèdre que doit être l’Église de Jésus-Christ » (CV 207). Dans les cinq premiers points, en guise d’introduction, le Saint-Père reprend certaines réflexions présentes dans l’Exhortation Gaudete et exsultate (GE)[2] et les applique de manière concrète « au discernement de sa propre vocation dans le monde ». Les seize points suivants sont regroupés sous trois sous-titres : « Comment discerner ta vocation », (nous mettons en évidence le « ta »), « L’appel de l’Ami », qui est le thème central du chapitre et de l’ensemble de l’Exhortation, et pour finir, « Écoute et accompagnement », partie dans laquelle le pape François, s’adressant à ceux qui accompagnent une vocation et les processus de discernement, fait part de certains des éléments qui caractérisent sa manière personnelle de conduire de tels processus.

Pour apprécier la pédagogie habituelle du fameux « polyèdre » dont le pape parle si souvent, en évitant qu’elle ne devienne un lieu commun, il est bien de rappeler que dessiner et construire, disons, un icosaèdre, est moins facile que de tracer un cercle ou que de gonfler un ballon sphérique. Certains se souviendront des exercices de géométrie faits à l’école. C’est ce que devrait avoir présent à l’esprit la personne qui s’apprête à lire un chapitre comme celui sur le discernement : ici, chaque « face » du polyèdre, en plus d’être en relation avec les autres, en plus de laisser transparaître son unique centre depuis une perspective chaque fois différente, est aussi une « base » sur laquelle la figure repose solidement et qui permet donc au rythme de la pensée d’avoir des moments de pause et de caractère concret.

Lorsque l’on prend en main et que l’on fait tourner une figure géométrique qui a de nombreuses faces et peut-être même différentes couleurs, elle s’arrête sur un côté et puis sur un autre qui est adjacent ou opposé. De manière analogue, les différentes facettes du discernement concernent, chacune, quelque chose d’important, et elles sont toutes des fenêtres ouvertes sur le « discernement fondamental » : « Ce que Jésus désire de chaque jeune, c’est avant tout son amitié. Il est essentiel de discerner et de découvrir cela. » (CV 250)

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