LE CŒUR DE « QUERIDA AMAZONIA ». « Déborder en chemin »
Last Updated Date : 26 décembre 2022
Published Date:21 février 2020

Comment doivent être résolus les problèmes selon le pape François, et en particulier ceux posés par l’Amazonie ? La réponse se trouve dans un terme espagnol qui revient à cinq reprises dans l’Exhortation apostolique Querida Amazonia et qui est le moteur ou, mieux, le cœur battant du texte. Mais en réalité, en général, il est au cœur de la manière dont le pape François lui-même voit les choses. Ce terme est desborde ou, sous sa forme verbale, desbordar. Il est difficile de le traduire dans d’autres langues en utilisant toujours le même mot. Nous pourrions dire déborder, surabonder, regorger…

 

Face aux grands problèmes, comme ceux que l’humanité se trouve à devoir affronter en Amazonie, « l’issue réside dans le “débordement” (la salida se encuentra por “desborde”) [1] », affirme le pape François. Et il ajoute que, pour « pouvoir reconnaître un plus grand don que Dieu offre », il faut « élargir ces horizons au-delà des conflits » et transcender les dialectiques qui limitent la vision. Il ne suffit pas de discipliner la vie, il faut l’ouvrir à Dieu, dont la présence est toujours plus grande, « débordante ».

En 1989 déjà, l’archevêque Jorge Bergoglio expliquait que la crise de la politique d’alors consistait en l’incapacité de gouverner le pouvoir de la technologie avec cette unité intérieure qui jaillit des fins réelles et des moyens utilisés à l’échelle humaine. Cela rend « gnostique » la politique, dans le sens où, tout en possédant un savoir, elle manque d’unité. Il affirmait : « Cette crise […], nous pouvons la dépasser à travers le débordement intérieur, c’est-à-dire [en entrant] dans le cœur même de la crise, en l’assumant dans sa totalité, sans s’y faire piéger, mais en la transcendant vers l’intériorité[2]. »

Desborde, que nous pouvons rendre en français par « débordement », est un terme cher au pape François, qui le met en évidence, même lorsque c’est quelqu’un d’autre qui l’utilise. Lors du synode, alors qu’il parlait du débordement de la miséricorde de Dieu, il a dit : « C’est un débordement que sœur Miranda a exprimé avec un terme qui m’a beaucoup touché : le débordement de l’itinérance[3]. Seul celui qui est en chemin est capable de se déborder[4]. » Et dans l’Exhortation, il s’est fait l’écho des poétesses et des poètes amazoniens qui parlent du fleuve qui déborde : L’Amazone « naît à chaque instant. Elle descend lentement, lumière un peu occultée, pour croître dans la terre. D’un vert saisissant, elle invente son chemin et se développe[5]. » (QA 45)

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