Le renouveau des missions catholiques au 20e siècle
Le récent centenaire de la publication de l’encyclique de Benoît XV Maximum illud (1919) a été une excellente occasion pour rappeler le grand renouveau des perspectives du Magistère catholique sur l’activité missionnaire de l’Église au siècle dernier. Ce renouvellement a été poursuivi par Pie XI avec l’encyclique Rerum Ecclesiae (1926), Pie XII avec Evangelii praecones (1951), Jean XXIII avec le Princeps pastorum (1959), le Concile Vatican II avec le décret Ad gentes (1965), Paul VI avec l’Evangelii nuntiandi (1975), Jean-Paul II avec le Redemptoris missio (1990) et le pape François avec l’Evangelii gaudium (2013). Il s’agit d’un itinéraire impressionnant par la continuité du développement et l’élargissement progressif des horizons d’évangélisation dans le monde[1]. Cependant, si le Magistère a affirmé avec force et clairement des principes de grande portée pour vaincre toutes les formes de nationalisme et de colonialisme culturel, idéologique, théologique et pastoral, il a évidemment fallu des personnes tournées vers l’avenir et courageuses pour les traduire en pratique dans les différents domaines où l’immense et admirable activité missionnaire catholique se développait.
De très nombreux missionnaires, pour la plupart religieux et religieuses d’Ordres et de Congrégations anciennes et modernes, pour la plupart européens, ont généreusement consacré leur vie à la proclamation de l’Évangile dans des pays loin de leur patrie, soutenus avec enthousiasme et engagement par les fidèles catholiques de leurs pays d’origine, fiers d’eux et de leurs entreprises d’élévation spirituelle et humaine de populations jugées, pour la plupart, de condition inférieure de point de vue économique, culturel ou moral.
Si noble et admirable que fût cette immense entreprise missionnaire, notamment en Asie et en Afrique, ce n’est pas sans ambiguïté, surtout à cause du risque très sérieux que la propagation du christianisme soit identifiée, ou du moins confondue, aux yeux des destinataires de l’annonce, avec la diffusion d’une culture européenne étrangère à la culture autochtone, soutenue, de fait, par des pouvoirs politiques et économiques colonialistes de grandes puissances étrangères, animées par intérêts qui n’étaient certainement pas purement religieux.
Le risque était tout à fait réel, et il explique les vagues de xénophobie non seulement envers les missionnaires étrangers mais aussi envers leurs fidèles indigènes – comme lors du terrible soulèvement des boxeurs en Chine en 1899-1901 – et les attitudes de méfiance et d’opposition au christianisme de la part des mouvements et des partis qui visaient à affirmer les valeurs et les cultures nationales en contradiction avec le colonialisme occidental dans les pays asiatiques et africains. Les Papes s’en sont rendu compte à temps déjà au cours du 19e siècle, mais les gouvernements des puissances coloniales européennes, les Congrégations missionnaires religieuses, qui avaient développé d’importantes activités et œuvres dans les régions qui leur étaient confiées, et souvent les missionnaires eux-mêmes, formés sans une appréciation suffisante envers les cultures locales et pour l’importance du dialogue, opposaient une résistance très difficile à surmonter.
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