LE CAPITAL SOCIAL. Une ressource insipensable pour la qualité de vie
Last Updated Date : 5 février 2021
Published Date:17 juin 2020

L’être humain fait preuve d’une remarquable capacité de réaction face à des événements négatifs. Comme l’attestent certaines recherches, les conséquences d’un traumatisme dépendent en grande partie de la manière dont une personne le lit, de son monde de valeurs, et surtout de si elle se trouve seule à le faire ou si elle a quelqu’un à ses côtés en mesure de l’aider. L’homme est un être politique, affirmaient les anciens ; la dimension communautaire constitue l’une de ses principales formes de protection : « Les communautés qui possèdent un système de valeur robuste savent très bien affronter les désastres et les conflits violents[1]. »

Il s’agit d’un discriminant fondamental, qui est confirmé par les recherches menées dans des lieux ravagés par les guerres et les cataclysmes ; le soutien de la communauté, des valeurs et des traditions qui sont les siennes apporte de la force à ses membres et un démenti au postulat individualiste de l’homme qui se « fait tout seul ». À l’inverse, une vie solitaire dépourvue de problèmes s’avère être plus dangereuse pour la santé qu’un événement tragique, mais vécu avec le soutien de liens forts et profonds. Les statistiques qui portent sur les comportements suicidaires des adolescents et des jeunes enregistrent précisément des pics plus élevés dans les sociétés bien organisées et efficaces, mais extrêmement pauvres sous l’aspect relationnel, communautaire et des valeurs[2].

Mais quels sont les éléments qui contribuent à la santé d’une communauté ? Robert Putnam, un politologue américain, les a résumés sous le terme « capital social » : un bien indispensable qui, de la même manière que les banques et les centres d’investissement, est à la base de la richesse d’une société vue sous l’angle de la qualité de la vie.

Le capital social

Le terme n’a pas été forgé par Robert Putnam. Il a été employé la première fois, en 1916, par Lyda Judson Hanifan, inspecteur des écoles de la campagne de Virginie. Notant l’importante corrélation qui existait entre la dimension communautaire et les résultats scolaires, il parla précisément de « capital social », le définissant comme « l’ensemble des biens tangibles qui comptent le plus dans la vie quotidienne des personnes : c’est-à-dire la bonne volonté, l’amitié, la solidarité, les rapports sociaux entre les individus et les familles qui constituent une unité sociale […]. L’individu, s’il est laissé à lui-même, est socialement sans défense […]. S’il est en contact avec ses proches, et ces derniers avec d’autres proches, s’accumulera alors un capital social qui peut immédiatement satisfaire ses besoins sociaux et faire preuve d’une potentialité sociale suffisante à l’amélioration substantielle des conditions de vie de l’ensemble de la communauté[3]. » En décrivant l’importance du capital social, et en particulier les conséquences de son absence, Lyda Judson Hanifan proposait une description prophétique de ce qui allait se dérouler au sein de la majeure partie des pays occidentaux industrialisés à partir des années 1960.

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