L’ATTENTE DE L’INATTENDU
Last Updated Date : 26 décembre 2022
Published Date:29 février 2020

La naissance de Jésus ouvre – on le sait – le récit de l’Évangile de Matthieu et celui de Luc, avec des points de vue différents liés aux contextes historiques dans lesquels ils ont pris forme. L’Ancien Testament, pourtant imprégné de l’attente du Messie, ne donne pas de références explicites sur l’événement, mais une série de passages peuvent nous aider à découvrir le sens du récit évangélique. Ces passages, dans leur ensemble, sont centrés sur le thème biblique de la venue de Dieu pour le salut du peuple et innervent la liturgie de l’Avent, en préparation à la solennité de Noël.

 

Le livre qui ressort le plus est celui du prophète Isaïe, qui présente quatre oracles d’époques différentes et de genres littéraires variés, mais qui sont unis par une ligne de fond : un châtiment angoissant et dramatique va peser sur le peuple de Dieu, et il est d’une telle gravité qu’il semble ne pas avoir d’échappatoire possible. Quand il n’y a plus aucun espoir de l’éviter, voilà que le salut intervient à l’improviste, qu’il dépasse toute expérience historique et qu’il renouvelle le geste créateur de Dieu du début du monde. L’intervention divine se mêle mystérieusement à la naissance d’un enfant qui a pour nom « Emmanuel », ce qui signifie « Dieu avec nous ».

 

« Une vierge enfantera un fils… » (Is 7, 14)

Dans le premier oracle (7, 1-7) Isaïe invite le roi Acaz à demander un signe. Il s’agit d’un fait singulier, parce que d’habitude c’est Dieu qui donne des signes. Dans sa réponse, le roi semble réservé et craintif : « Je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve » (v. 12), parce que demander des signes revient à forcer le vouloir divin. En réalité Acaz repousse l’offre : il ne veut pas de signes, parce qu’il considère Dieu comme éloigné de sa vie et indifférent aux besoins des hommes. Sa piété apparente est considérée par Isaïe comme une attitude hypocrite, parce que le roi se prépare à demander de l’aide à la puissance de l’Assyrie, vu qu’il n’a pas confiance dans le Seigneur. « Si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir » (v. 9) affirme le prophète, pour dire que c’est seulement par la foi que le peuple aura la vie.

Bien qu’Acaz se soit dérobé, le Seigneur n’abandonne pas son dessein et il envoie un signe au roi : la naissance d’un enfant. « Voici que la Vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est à dire Dieu-avec-nous » (v. 14). La jeune femme est l’épouse du roi qui n’a pas encore eu de fils. La naissance réalise la promesse, assure la continuité dynastique, liée au trône de David, et annonce le salut. L’enfant se nourrira de lait et de miel, qui sont les signes de la terre promise et de la bénédiction divine.

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