L’AFRIQUE DE 2021
Published Date:21 avril 2022
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Que s’est-il passé sur le continent africain, surtout du point de vue socio-politique, en 2021 ?  Bien que l’Afrique soit aussi confrontée à la pandémie qui secoue le monde entier, nous ne nous attarderons pas beaucoup sur cet aspect. Nous ne nous attarderons pas non plus sur les dirigeants ou les personnalités qui sont décédées au cours de l’année[1]. Nous porterons notre attention sur trois types d’événements : les sommets internationaux les plus significatifs impliquant l’Afrique, les principales élections organisées en 2021 dans les pays du continent, et enfin les conflits les plus graves avec l’attention que leur porte le pape François.

 

Des sommets de différents pays avec l’Afrique

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En octobre 2021, il s’est tenu à Montpellier, en France, le 28e Sommet Afrique-France.[2] Un sommet qui, pour une fois, n’a pas réuni les chefs d’Etat. Le président français, Emmanuel Macron a voulu plutôt privilégier le dialogue avec la jeunesse africaine et de la diaspora pour échanges et débattre sur différentes thématiques : l’engagement citoyen et la démocratie, l’innovation et l’entreprenariat, la recherche et l’enseignement supérieur, la culture et le patrimoine, les industries culturelles et créatives, et enfin le sport et le développement. C’était une occasion pour le président français Macron d’insister sur le renouvellement de la relation entre l’Afrique et la France, et la rupture avec la Françafrique.[3]

Fin novembre s’est tenu à Diamniadio, non loin de Dakar, au Sénégal, s’est tenu 2021 le Forum de Coopération entre l’Afrique et la Chine, « il a été initié en 2000 et s’est déroulé à 7 reprises. (…) Le sommet se déroule tous les 3 ans depuis sa création. »[4]. Les participants voulaient approfondir le partenariat sino-africain et promouvoir le développement durable pour construire une communauté sino-africaine avec un avenir commun dans la nouvelle ère.[5] La présence chinoise en Afrique s’est accrue au fil des années. Certains observateurs déclarent que la coopération sino-africaine devrait trouver à présent son équilibre.[6]

En décembre 2021, s’est tenu à Instanbul, en présence d’une quarantaine des chefs d’Etat africains, le 3e sommet Turquie-Afrique, initié depuis 2008. « C’est l’occasion de part et d’autre de discuter économie, agriculture, énergie et éducation. La Turquie, qui est loin des aspirations colonialistes ou impérialistes qui peuvent être imputées aux autres puissances, voit l’Afrique comme un partenaire de développement. »[7] Selon le ministre turc des affaires étrangères, « le thème de ce sommet est le développement conjoint et la coopération renforcée pour la prospérité. Nous voulons marcher sur la voie du développement et de la prospérité aux côtés de nos amis africains et porter notre coopération vers l’avenir. Notre objectif est de gagner avec l’Afrique et de marcher ensemble vers l’avenir. »[8]

À la lumière de ces trois événements, on peut donc dire que l’Afrique reste un carrefour d’intérêts économiques et demeurent un terrain stratégique que toutes les grandes puissances et les pays émergents ont envie de conquérir.[9] Ces sommets créent évidemment des conflits plus ou moins latents entre les différentes puissances étrangères comme le décrit par exemple l’ouvrage L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique  : « La Françafrique serait donc morte ou, au pire, moribonde. Comme pour mieux l’ensevelir, d’autres néologismes s’accumulent à la une des journaux au tournant des années 2010. La « Chinafrique » d’abord : si la France est sur le déclin en Afrique, est-il expliqué, c’est parce que le géant asiatique est en train de la mettre dehors. Plus récente, la « Russafrique » tente à son tour de se frayer un chemin dans le vocabulaire médiatique. Loin de démentir l’existence de la Françafrique, la présentation faite de ces « concurrences étrangères » a plutôt tendance à confirmer la relation singulière que les Français entretiennent avec le continent africain. (…) La France, qui regarde son ancien territoire colonial africain comme un « pré carré » et considère l’Afrique « francophone » comme son domaine réservé, ne cherche-t-elle pas, elle aussi, à étendre son influence et à conquérir des marchés dans les pays d’Afrique « anglophone » et « lusophone » ?[10]

En sus, – malgré des aspects positifs de différents sommets au cours desquels tous les pays protagonistes cherchent à s’attirer les faveurs des pays africains, – certaines voix parmi les Africains s’élèvent pour dénoncer ces rencontres qui mettent sur la même table un seul pays avec tout un continent. C’est le cas notamment pour la relation Afrique-France. Un collectif d’associations, de syndicats et de partis politiques, avant le sommet de Montpellier, avait organisé du 6 au 10 octobre 2021, un contre-sommet dans le but de mettre en lumière la continuité de la politique française sur le continent africain.[11]

 

Élections présidentielles

L’année 2021 a été marquée par des élections dans certains pays africains. Le problème d’alternance au pouvoir se pose avec acuité en Afrique où beaucoup de chefs d’États restent au pouvoir à vie. Et si les élections sont organisées, il se pose de sérieux problèmes de transparence des résultats et, en amont, de liberté de participation pour tous les candidats potentiels. Ces derniers sont souvent écartés de manière pernicieuse par les tenants du pouvoir. Ces genres de pratique diluent, altère la démocratie, avec les tensions qui s’ensuivent. Par ailleurs, il est rare en Afrique d’avoir les résultats d’une élection (présidentielle surtout) qui ne sont jamais contestés par l’opposition, la société civile et parfois par l’Église catholique. En République démocratique du Congo, on se souviendra pour longtemps de la déclaration du Cardinal Laurent Monsengwo après l’élection présidentielle de 2011 : « les résultats de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice. »[12]

La politologue Céline Thiriot reconnait que d’autre part y a eu une évolution positive au cours des dernières années. « les élections sont devenues une banalité en Afrique subsaharienne. Depuis la vague de libéralisation politique des années 1990, 43 des 48 pays d’Afrique subsaharienne ont connu des élections pluralistes. Les processus électoraux se sont largement « routinisés ».[13] Ceci étant, l’année 2021 a été marquée par des élections dans certains pays africains, mais avec les mêmes caractéristiques : prolongation des mandats après avoir changé la constitution, les candidatures de la vraie opposition rejetées, les résultats contestés, les troubles sociaux, des intimidations, etc.

En Ouganda, l’élection présidentielle a vu la victoire de Yoweri Museveni, réélu pour un sixième mandat. Les manifestations intenses de l’opposition qui dénonçait les fraudes et les irrégularités contre ce résultat ont été matées avec violence.

La République du Congo (Congo-Brazzaville), a reconduit aussi à la tête du pays, Denis Sassou Nguesso lors de l’élection de son quatrième mandat. Son challenger, Parfait Kolelas, est mort avant la proclamation des résultats, emporté par la première vague de Covid19. Une élection agitée organisée en avril au Tchad a vu la réélection d’Idris Deby pour un sixième mandat. Après sa mort au front le 20 avril 2021, face aux rebelles de FACT venus de Lybie, son fils, Mahamat Idriss Déby, militaire comme lui prend le pouvoir.[14] En Gambie, Adama Barrow a prolongé son mandat après avoir battu son adversaire Ousanou Darboe, avec 53% des voix. Au Bénin, l’opposition a boycotté l’élection présidentielle du mois d’avril 2021 remportée dès le premier tour par le président Patrice Talon qui entame ainsi son deuxième mandat. Le président Ismael Guelleh a été réélu en avril à Djibouti dès le premier tour, pour un cinquième mandat, avec un score de 98%. Au Niger, Mohammed Bazoum a remporté l’élection présidentielle avec plus de 55%, au second tour. Il a affronté l’ancien président Mahamane Ousmane. Ce dernier n’avait pas reconnu sa défaite, mais avait appelé ses partisans à manifester pacifiquement.

Une note positive, de toutes les élections présidentielles organisées en 2021, est venue de Zambie où Hakainde Hichilema, après 5 participations infructueuses, a finalement accédé à la présidence. Son prédécesseur, Edgar Lungu, après un petit suspens, a reconnu sa défaite. Un bel exemple démocratique applaudi sur le continent. Aussi, une lueur d’espoir dans l’avancée démocratique crédible est l’exemple de Sao-Tomé-Et-Principe et de Cap-Vert. Dans ces deux pays, ce sont les candidats de l’opposition qui ont remporté les élections.

 

Conflits récurrents, situations de détresse et proximité du Pape François

L’année 2021, comme d’ailleurs toutes les autres années précédentes, a vu l’Afrique continuer avec les conflits dévastateurs et de nombreux cas d’instabilités politiques qui, malheureusement sèment morts et désolations. À cela s’ajoutent des désastres naturels qui n’épargnent pas certains pays.

Le Soudan du Sud ne connait toujours pas la vraie paix depuis son indépendance. En 2021, malgré le nième accord signé entre le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar, la mise en application de ces accords de paix n’est pas effective et alimentent la violence endémique. Par ailleurs, de combats ont éclaté, début août 2021, entre des factions rivales du parti du vice-président, le SPLM-IO, et de son appareil militaire, le SPLA-IO.  Au moins 32 personnes sont mortes dans ces affrontements.[15] On peut comprendre le souci du Pape François pour ce pays, quand il a adressé un message conjoint avec l’archevêque de Canterbury et le modérateur de l’Église d’Ecosse, aux responsables politiques du Soudan du Sud, à l’occasion du 10e anniversaire de l’indépendance du pays : « En ce jour qui marque le dixième anniversaire de l’indépendance du Soudan du Sud, nous vous adressons nos vœux les plus cordiaux, conscients que cet anniversaire rappelle à la mémoire vos luttes passées et envisage avec espérance l’avenir. Votre nation est bénie par un immense potentiel et nous vous encourageons à accomplir des efforts toujours plus grands afin de permettre à votre peuple de jouir de tous les fruits de l’indépendance. »[16]

Le Pape François, à l’issue de l’Angélus du 1er janvier 2021, a lancé un appel à la prière pour le Nigeria. Cette invitation à prier pour les victimes d’actes d’enlèvements dans l’archidiocèse d’Oweri, au Nigeria, dénote la situation d’insécurité que vit la population nigériane, victime déjà depuis plusieurs années de violence du groupe Boko haram et d’enlèvement régulier. Ainsi, pour le Nigeria, l’année 2021 a été éprouvante : pandémie de Covid-19, menaces sur la sécurité, etc.

Et quand, En République démocratique du Congo, pays en proie à l’insécurité depuis plusieurs années, surtout dans sa partie Est, la ville de Goma est victime de l’éruption volcanique, le Pape François invite, au cours de la prière du Regina Coeli, à une pensée de prière : « Prions également pour les populations de la ville de Goma, en République démocratique du Congo, obligées de fuir à cause de l’éruption du grand volcan Nyiragongo. »[17] Un autre pays qui a été secoué en 2021 par une série de violence due à des multiples attaques terroristes ayant fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés, est le Burkina Faso. Et le Pape n’a pas été insensible aux souffrances du peuple burkinabè et il a exprimé sa proximité après une attaque terroriste meurtrière.[18]

Dans l’Angélus du 4 juillet 2021, face à l’explosion de violence dans le Royaume d’eSwatini (anciennement Swaziland), le Pape a appelé au dialogue, à la réconciliation et à la résolution pacifique des conflits en cours.[19]

Un autre point chaud de l’Afrique en 2021 c’est l’Afrique du Sud qui a été durement frappé par la pandémie de Covid-19, plus que tout autre pays africains.

Le pays a été fouetté surtout par la troisième vague avec le variant « Delta ». Et comme si cela ne suffisait pas, au mois de juillet, il y a eu 212 morts en une semaine dans des violences « provoquées et planifiées », selon le président Cyril Ramaphosa. Les premiers incidents avaient éclaté après l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma. Ils se sont ensuite étendus, sur fond de chômage endémique et de nouvelles restrictions anti-Covid, jusqu’à provoquer l’intervention de l’armée.[20] C’est en cette période que le Pape François a, au cours de la prière de l’Angélus du 18 juillet 2021, eu une pensée pour le peuple sud-africain tout en appelant les dirigeants à œuvrer pour la paix et à coopérer pour aider les personnes dans le besoin.[21]

Une des crises majeures qui a marqué l’Afrique en 2021 c’est le conflit du Tigré, en Ethiopie. Dans son discours d’après prière de l’Angélus du 7 novembre 2021, le Saint-Père avait manifesté sa préoccupation pour cette partie nord-est d’Afrique : « Chers frères et sœurs, je suis avec inquiétude les nouvelles en provenance de la région de la Corne de l’Afrique, en particulier de l’Éthiopie, secouée par un conflit qui dure depuis plus d’un an et qui a fait de nombreuses victimes et provoqué une grave crise humanitaire. J’invite tout le monde à la prière pour ces populations si durement éprouvées, et je renouvelle mon appel afin que prévale la concorde fraternelle et la voie pacifique du dialogue. »[22] Ce conflit a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et, selon l’ONU, « plus de cinq millions de personnes manquent de nourriture et … l’on estime que 400.000 personnes vivent dans des conditions proches de la famine. »[23]

Quand on décrypte les situations difficiles qu’a vécues l’Afrique en 2021, on se rend compte que ce n’est qu’une continuité des mêmes situations traversées par ce continent en 2020. Dans son discours aux membres du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 8 février 2021, le Pape François avait relevé  la fermeture des frontières suite à la pandémie, ainsi que la crise économique qui a provoqué des urgences humanitaires dans les régions touchées par le changement climatique et la sécheresse et dans les camps de réfugiés et de migrants.[24] Dans ce même discours, le pape a évoqué la situation en Libye, appelant à la paix. Il n’a pas non plus oublié la République centrafricaine, un pays secoué par des tensions politiques et sociales. Nous nous souvenons également des violentes tensions dans la province de Cabo Delgado au Mozambique, occasionnant ensuite un conflit qui a fait des morts et provoqué des déplacements de la population plongée dans le désarroi et la famine.

Outre les conflits ouverts, l’autre grand chapitre des crises africaines concerne les migrations. Le pape a utilisé des expressions très dures, parlant de l’existence de camps de concentration. Lors de l’Angélus du 24 octobre 2021, alors qu’il exprimait sa proximité avec les milliers de migrants, réfugiés et autres personnes ayant besoin de protection en Libye, il a déclaré et autres personnes ayant besoin de protection en Libye. « Je ne vous oublie jamais », avait-il dit, « j’entends vos cris et je prie pour vous.  Un grand nombre de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants sont soumis à une violence inhumaine. Je demande une fois de plus à la communauté internationale de tenir ses promesses de rechercher des solutions communes, concrètes et durables pour la gestion des flux migratoires en Libye et dans toute la Méditerranée. Et combien ceux qui sont rejetés souffrent ! Il y a de véritables camps de concentration là-bas. »[25]

l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avait signalé – le 12 octobre – qu’au moins 15 migrants et réfugiés cherchant à rejoindre l’Europe seraient morts noyés dans un naufrage au large de la Libye, et que plus de 25.000 migrants et réfugiés étaient interceptés en 2021 par les garde-côtes libyens. En outre, le HCR avait estimé à près de 10.000 demandeurs d’asile piégés dans des centres de détention officiels en Libye. Et selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), des gardes libyens avaient tué par balles, au mois d’octobre 2021 six migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne dans un centre de détention à Tripoli, dénonçant des conditions de vie « terribles » dans ce lieu surpeuplé.[26] Cette situation peut expliquer le souci du Pape François d’alerter la communauté internationale sur les conditions de migrants en Libye, ce qui nécessite un regard de compassion mais aussi de justice et de responsabilité universelle.[27]

Il y a aussi une autre guerre provoquée par la nature : le changement climatique qui occasionne la famine. À ce propos, le Pape François, toujours dans son discours du 8 février 2021 aux diplomates accrédités au Vatican, avait indiqué qu’« en Afrique, les changements climatiques aggravés par des interventions inconsidérées de l’homme, et maintenant par la pandémie, sont cause de grave préoccupation. »[28]

Les différentes situations de détresse que le Pape François n’a cessé de rappeler à travers ses messages ont accompagné malheureusement l’Afrique tout au long de l’année 2021. Pour preuve, le Successeur de Pierre les a rappelées lors de son message Urbi et Orbi de Pâques (4 avril) et Noël (25 décembre) 2021 : « Que le Christ notre paix fasse enfin cesser le fracas des armes dans la bien-aimée et martyrisée Syrie, (…), et en Libye où l’on entrevoit enfin la sortie d’une décennie de disputes et d’affrontements sanglants. »[29] En même temps, il a exprimé le désir que la force du Christ ressuscité soutienne les populations africaines dont l’avenir est menacé par la violence interne et le terrorisme international, pensant en particulier aux populations du Sahel, du Nigeria, ainsi qu’à celles des régions du Tigré et du Cabo Delgado.

Toujours dans son message de Noël Urbi et Orbi du 25 décembre 2021, François a exprimé le souhait que le Prince de la Paix aide l’Éthiopie à retrouver le chemin de la réconciliation et de la paix et qu’il écoute le cri des peuples de la région du Sahel, qui subissent la violence du terrorisme international. Il a tourné ses pensées vers les peuples touchés par les divisions, le chômage, les inégalités économiques et les conflits internes, comme dans de nombreux pays d’Afrique du Nord, au Soudan et au Sud-Soudan.[30]

L’attention du Pape, comme Pasteur de l’Église universelle, est aussi celle de participer au concert des nations qui veut la paix et l’harmonie dans le monde. C’est ici l’occasion de louer les efforts que le Saint-Siège fournit pour signer des accords avec les États. Avec l’Afrique, le Saint-Père a rappelé, dans son discours du 8 février 2021 au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, les accords internationaux signés qui « permettent d’approfondir les liens de confiance réciproque et permettent à l’Église de coopérer avec une plus grande efficacité au bien-être spirituel et social de vos pays. »

Et on se rappellera le 24 octobre 2021, des paroles du Saint-Père lors de l’Angélus, quand il a exprimé sa proximité aux milliers de migrants, réfugiés et autres personnes ayant besoin de protection en Libye. « Je ne vous oublie jamais », avait-il dit, « j’entends vos cris et je prie pour vous.  Un grand nombre de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants sont soumis à une violence inhumaine. Je demande une fois de plus à la communauté internationale de tenir ses promesses de rechercher des solutions communes, concrètes et durables pour la gestion des flux migratoires en Libye et dans toute la Méditerranée. Et combien ceux qui sont rejetés souffrent ! Il y a de véritables camps de concentration là-bas. »[31]

 

En conclusion

L’Afrique est un continent qui vit et qui vivra malgré l’indigence, la misère, les conflits, les guerres, le terrorisme qui la caractérisent pour le moment. Ce que nous espérons, c’est un changement de modèle. Après plus de soixante ans d’espoirs de changement venant des élites dirigeantes – espoirs qui ont été déçus – un mouvement basé sur la participation du peuple peut générer un dynamisme pour la renaissance de tous les pays du continent. Nous espérons que ce signe des temps permettra à l’Afrique de vivre avec moins de tensions, moins de conflits, moins de maladies, moins de terrorisme et moins de fléaux naturels.  Le continent s’orientera alors vers un développement durable et stable. Le reste du monde ne peut pas vivre heureux quand un continent est miné par la détresse indescriptible.

 

 

[1] Deux présidents en exercice sont en effet décédés en 2021 : John Magufuli, président tanzanien, Idriss Déby, président du Tchad. Concernant les anciens chefs d’Etat, il y a : Didier Ratsiraka, ancien président de Madagascar (1976-1993), mort le 28 mars 2021, Kenneth Kaunda, ancien président zambien mort le 17 juin à 97 ans, Hissène Habré, ex-chef d’Etat du Tchad (1982-1990), mort le 24 août à l’âge de 79 ans, Abdelaziz Bouteflika, ex-président de l’Algérie (1999-2019), décédé à 84 ans, le 17 septembre, Frederik de Klerk, décédé le 11 novembre à 85 ans, dernier président blanc Sud-africain qui a précipité la chute du régime raciste de l’apartheid en libérant Nelson Mandela avec lequel il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993. Et s’il y a une autre personnalité marquante qui est décédée en 2021, c’est bien l’évêque anglican, Mgr Desmond Tutu, mort le 26 décembre 2021, à l’âge de 90 ans, prix Nobel de la paix en 1984.

[2] « Initialement appelé France-Afrique, le sommet a revêtu plus tard le nom de Sommet Afrique-France. Ce sommet créé le 13 Novembre 1973 par George Pompidou, l’ancien Chef d’Etat français, avait été initié dans le but sans doute d’avoir une relation plus spécifique sur le continent avec particulièrement les anciennes colonies françaises. Il était question pour la France d’alors de continuer à avoir une influence dans le monde francophone africain, autant dans une perspective politique qu’économique. » (https://afam.org.tr/zoom-sur-lorganisation-de-sommets-sur-lafrique/)

[3] Cf. E. Domingues Dos Santos – S. Schlimmer, «Nouveau Sommet Afrique-France: la continuité masquée de la politique africaine d’Emmanuel Macron», in L’ Afrique en questions (www.ifri.org/fr/publications/editoriaux-de-lifri/lafrique-questions/nouveau-sommet-afrique-france-continuite-masquee), 27 ottobre 2021

[4] A. Aboutalib Lô, «Zoom sur l’organisation de sommets sur l’Afrique», in Afam (https://afam.org.tr/zoom-sur-lorganisation-de-sommets-sur-lafrique), 13 maggio 2020.

[5] Cf. M. G. Rutigliano, «Vertice Cina-Africa in Senegal: commercio, sicurezza e allarme Sahel», in Sicurezza Internazionale, 29 novembre 2021.

[6] « Après la lune de miel des années 2000 et le milieu des années 2010, pendant laquelle la Chine a été la bienvenue sur le continent où elle a investi dans les infrastructures et l’exploitation des matières premières, une relation plus équilibrée et plus diversifiée est désormais réclamée du côté des États africains. », estime Laurent Larcher (Cf. Laurent Larcher, « Forum Chine-Afrique, la promesse d’un partenariat plus équilibré », dans https://www.la-croix.com/Economie/Forum-Chine-Afrique-promesse-dun-partenariat-equilibre-2021-11-30-1201187752)

[7] A. Aboutalib Lô, « Zoom sur l’organisation de sommets sur l’Afrique », cit

[8] P. Mahe Keingna, «Un 3e sommet Turquie-Afrique pour une “cooperation renforcée”», in afriquenews (8https://fr.africanews.com/2021/12/18/un-3e-sommet-turquie-afrique-pour-une-cooperation-renforcée), 20 dicembre 2021.

[9] Cf. A. Aboutalib Lô, «Zoom sur l’organisation de sommets sur l’Afrique», cit.

[10] Th. Borrel – A. Boukari Yabara – B. Collombat – Th. Deltombe (edd.), L’ empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique. Guerres, pillages, racisme, coups d’État, corruption, assassinats…, Paris, Seuil, 2021, 12.

[11] Cf. «En parallèle d’un sommet Afrique-France relooké, organization d’un contre-sommet à Montpellier du 6 au 10 octobre», in attac France(https://france.
attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/en-parallele-d-un-sommet-afrique-france-relooke-organisation-d-un-contre-sommet), 5 ottobre 2021.

[12] «Présidentielle en RDC: le cardinal Monsengwo met en doute la “credibilité” du scrutin», in jeuneafrique(www.jeuneafrique.com/178145/politique/presidentielle-en-rdc-le-cardinal-monsengwo-met-en-doute-la-credibilite-du-scrutin), 12 dicembre 2011.

[13] C. Thiriot, «Les élections en Afrique, un “objet scientifique pertinent”», in Afrique contemporaine, n. 239, 2011, 133-135. Anche se più di recente si registra un certo regresso da questo punto di vista: cfr anche F. Ingiyimbere, «Perché ancora colpi di stato in Africa? Le responsabilità dell’Unione Africana», in Civ. Catt. 2021 IV 561-574.

[14] On peut lire à ce sujet l’article du journal Le Monde : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/04/20/au-tchad-reelection-sans-surprise-pour-un-sixieme-mandat-du-president-idriss-deby_6077344_3212.html

[15] Cf. «Sud Sudan: scontri tra fazioni rivali, 30 morti», in Agenzia Ansa, 7 août 2021.

[16] Francesco – J. Welby – J. Wallace, Messaggio ai Leader politici del Sud Sudan in occasione del 10° anniversario dell’Indipendenza, 9 juillet 2021.

[17] Cf. Francesco, Regina Caeli, 23 mai 2021, in www.vatican.va

[18] Cf.  Angelus, 6 juin 2021: « Je désire assurer de ma prière pour les victimes du massacre perpétré durant la nuit de vendredi à samedi dans un village du Burkina Faso. Je suis proche des familles et de tout le peuple Burkinabé, qui souffre beaucoup à cause de ces attaques répétées. L’Afrique a besoin de paix et non de violence ! »

[19] Cf. Angelus, 4 juillet 2021.

[20] Cf. P. Haski, «Gli scontri in Sudafrica mostrano il fallimento degli eredi di Mandela», in Internazionale, 15 luglio 2021.

[21] Cf. Angelus, 18 juillet 2021

[22] Cf., Angelus, 7 novembre 2021.

[23] «Étiopie: l’avenir du Tigré et de la Corne de l’Afrique est “très incertain”», in Onu Info (https//news.un.org/fr/story/2021/11/1108122), 8 novembre 2021.

[24] Cf. François, Discours aux membres du corps diplomatique, 8 février 2021

[25] Cf., Angelus, 24 octobre 2021.

[26] Cf. «Méditerranée: près de 15 migrants et réfugiés ont perdu la vie au large de la Libye», in Onu Info (https://news.un.org/fr/story/2021/10/1106082), 12 ottobre 2021.

[27] Le dimanche 28 novembre 2021, le Saint-Père François est revenu, au cours de la prière de l’Angélus, à la situation des migrants dans la méditerranée : « hier j’ai rencontré les membres d’associations et de groupes de migrants et de personnes qui, dans un esprit de fraternité, en partagent le chemin…  Je ressens de la douleur en entendant les nouvelles de la situation dans laquelle se trouvent tant d’entre eux.. Tant de douleur en pensant à eux. De ceux qui sont rapatriés en Afrique du Nord, sont capturés par des trafiquants, qui les transforment en esclaves : ils vendent les femmes, torturent les hommes… »

[28] Cf. François, Discours aux membres du corps diplomatique, 8 février 2021

[29] Cf. Message Urbi et Orbi, 4 avril 2021.

[30] Cf. Message Urbi et Orbi, 25 décembre 2021.

[31] Cf. François, Discours aux membres du corps diplomatique, 8 février 2021. Le pape François a notamment rappelé l’échange des instruments de ratification de l’accord-cadre entre le Saint-Siège et la République démocratique du Congo, ainsi que l’accord sur le statut juridique de l’Église catholique au Burkina Faso.