LA VIE RELIGIEUSE :  DU CHAOS AU « KAIROS » ?
Last Updated Date : 19 mai 2022
Published Date:19 janvier 2022

Une crise sans précédent dans l’histoire de l’Occident

Les historiens de la vie religieuse savent bien qu’au cours de l’histoire de l’Église, certains instituts religieux, tant masculins que féminins, ont disparu après des années de vie féconde. Ils notent aussi que chaque nouveau cycle de vie religieuse – la transition du monachisme aux mendiants, des mendiants aux congrégations apostoliques modernes, etc. – a, d’une certaine manière, mis en crise le cycle précédent, qui a eu besoin de temps pour se reprendre et s’adapter. C’est une réalité positive : la vie religieuse occidentale s’est enrichie de l’expérience du désert, de la périphérie et de la frontière.

Aujourd’hui, cependant, quelque chose de différent et de nouveau se produit dans le monde occidental, qui affecte tous les instituts religieux : un manque de vocations, des pyramides démographiques inversées, avec beaucoup de personnes âgées en haut et peu de jeunes en bas, et beaucoup quittent la vie religieuse. Cependant, la question est : pourquoi ces personnes partent-elles ?

Cette situation généralisée provoque une incertitude quant à l’avenir de la vie religieuse et, dans beaucoup de cas, génère un climat de peur, de panique : la vie religieuse va-t-elle disparaître des Églises de l’Occident chrétien ? Est-ce que le même phénomène se produira en Asie et en Afrique dans un certain nombre d’années ? Y aura-t-il une évolution vers de nouvelles communautés de religieux ? Les nouveaux mouvements laïcs vont-ils remplacer la vie religieuse traditionnelle ?

Si nous voulions résumer cette situation en un mot, nous devrions peut-être parler d’une « situation chaotique », c’est-à-dire un mélange de confusion et de désordre. Cela a toutes sortes de conséquences : non seulement pastorales et spirituelles, mais institutionnelles, économiques, sociales, etc. Que faire de ses œuvres éducatives, pastorales, sanitaires et sociales lorsqu’il y a un manque de personnel religieux et de ressources économiques pour les maintenir ? Comment faire face aux coûts considérables des infirmeries pour les religieux ? Comment former la jeunesse religieuse dans ce climat d’insécurité ? Quel avenir attend les jeunes qui entrent dans des communautés religieuses très vieillissantes ? Est-il possible de continuer à rêver ?

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Conclusion

Peut-on passer du chaos au kairos ? Ce passage est possible, mais il ne s’agit pas d’un saut instantané ou magique. Il exige que nous ne nous accrochions pas à un passé éphémère mais soyons ouverts à l’action novatrice, débordante et vivifiante de l’Esprit de Jésus, qui agit d’en bas dans les moments de crise et de mort, fermant certaines portes mais en ouvrant d’autres. Un Esprit qui n’est jamais en grève, ni dans l’Église ni dans l’histoire humaine.

La vie religieuse d’aujourd’hui ressemble à l’expérience du de profundis du psalmiste (cf. Ps 130) : un psaume qui commence dans l’obscurité de la nuit, criant d’angoisse vers le Seigneur, et qui se termine ouvert à l’espérance, celle de la sentinelle qui attend l’aube.

 

 

[1]. François, Lettre apostolique à toutes les personnes consacrées, 21 novembre 2014, III, 5. Le Pape cite ici un extrait de son discours au Synode sur la vie consacrée et la mission dans l’Église et dans le monde, XVIe Congrégation générale, 13 octobre 1994.