Ivan III, le premier souverain de la Russie indépendante, rapporta avec lui de Byzance, libérée des Turcs, non seulement sa propre femme, mais également l’aigle à deux têtes, armoiries et expression d’une idée. Bien que plusieurs pays d’Europe orientale se considèrent un peu comme les héritiers de cette idée impériale, en aucun lieu, à l’exception peut-être de la Turquie, cette tension entre Occident et Orient n’a été aussi forte qu’en Russie.
Après Pierre le Grand, cet aigle bicéphale regarda de plus en plus vers l’Occident. Les élites se voyaient peut-être comme se voit aujourd’hui un petit groupe d’intellectuels pro-occidentaux. Mais le peuple, comment se percevait-il ?
Il convient de rappeler que toutes les tentatives mises en œuvre par la Russie pour se conformer aux modèles occidentaux se sont soldées par des échecs, même s’il fallut parfois des décennies, voire quelques fois des siècles, pour que l’échec soit manifeste. La tentative de Pierre le Grand — celle de la Russie européenne — devint presque un mythe, proposé comme fondement de sa propre identité. Mais au-delà des succès obtenus par les réformes, on peut dire que les conséquences pour le pays furent en définitive désastreuses.
Un débat très vif a actuellement lieu en Russie à propos de l’histoire du pays. Il y a exactement 100 ans, les bolcheviques ont pris le pouvoir et ont fait basculer le pays dans le chaos et dans la tragédie de la guerre civile. Cette guerre est terminée depuis longtemps, mais l’histoire demeure, aujourd’hui comme à l’époque, un champ de bataille. À la différence près qu’aujourd’hui la confrontation n’a plus lieu entre les communistes et leurs ennemis, mais entre les libéraux et les traditionalistes. L’histoire court aujourd’hui le risque de ne plus être une science, mais d’être l’esclave de l’idéologie.
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