Le journaliste Robin Wright, écrivant dans The New Yorker (8 septembre 2020, en ligne), a demandé : « L’Amérique est-elle un mythe ? » Un mythe qui, en tout cas, ne tient plus le pays uni. Les sociologues nous ont dit que les États-Unis, à la différence d’autres pays unis par le sang et la terre, ont été unis par une série d’idées, c’est-à-dire par les vérités évidentes contenues dans la déclaration d’indépendance : « Tous les hommes sont créés égaux » et « sont dotés par leur créateur de certains droits inaliénables [à] la vie, la liberté et la recherche du bonheur ».
Le mythe américain est aujourd’hui exposé à des défis existentiels, qui ne viennent plus uniquement des périphéries. Beaucoup de personnes aux États-Unis sont rongées par la colère. Au centre de cette situation, comme le magma au centre de la Terre, se trouve un sentiment de rectitude morale, pas totalement naturelle, fruit du passé puritain de l’Amérique, qui imprègne la mentalité et les idées de certains groupes politiquement ou économiquement influents.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Américains croyaient que leur pays était une exception aux fragilités politiques qui sévissaient dans une grande partie du reste du monde. Cependant, c’est un fait que les États-Unis ont été déchirés par des luttes intestines pendant une grande partie de leur histoire. Au début de la République, une compétition politique féroce faisait rage entre fédéralistes et républicains, basée sur des escroqueries et des assassinats. De 1820 à 1860, les partisans de l’esclavage et leurs adversaires ont mené une lutte acharnée qui aboutit à la guerre civile. La Reconstitution (période entre 1863 et 1877) n’a fourni qu’une solution temporaire, jusqu’à ce que les lois Jim Crow (à partir de 1870) rétablissent la suprématie des Blancs sur les Noirs.
La guerre du Vietnam et le mouvement des droits civiques ont provoqué une décennie de manifestations, qui ont tracé des lignes de démarcation générales pour les deux prochaines générations. « Aujourd’hui, les États-Unis – observe Wright – sont toujours en conflit sur ses valeurs, qu’il s’agisse du pacte social, de la manière d’éduquer les enfants, du droit ou de l’interdiction de porter des armes, de la protection de son vaste territoire, des lacs et de l’air, ou les relations entre les différents États et le gouvernement fédéral ». Il faut y ajouter le fait que la division la plus douloureuse – comme nous l’a rappelé le mouvement afro-américain « Black Lives Matter »[1] – concerne la justice raciale et l’exercice parfois abusif du pouvoir policier.
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