LA BASILIQUE SAINTE-SOPHIE : DE MUSÉE À MOSQUÉE
Last Updated Date : 19 octobre 2022
Published Date:4 août 2020

Le 29 novembre 2014, lors de son voyage apostolique en Turquie, le pape François a visité la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul, l’Hagia Sophia – en turc Aya Sofya –, le monument millénaire qui domine toute la ville, le Bosphore et la Corne d’Or. À la fin de la visite, il a écrit, dans le Livre d’or des visiteurs, en caractères grecs : Hagia Sophia tou Theou, La Sainte Sagesse de Dieu. La basilique, aboutissement d’une expertise technique et merveille architecturale, a été décrite au cours de l’histoire comme « une œuvre d’inspiration divine », le « lieu entre la terre et le ciel », la « huitième merveille du monde », le « symbole de la puissance impériale »[1]. La basilique Sainte-Sophie a été commandée et construite en 537 par l’empereur Justinien et son épouse Théodora, puis reconstruite en 562, après avoir été endommagée par un incendie : c’était la plus grande basilique du christianisme et dans le monde – la Megale Ekklesia – l’église la plus importante de Constantinople, où les empereurs byzantins ont été couronnés.

La ville, fondée par Constantin comme la « Nouvelle Rome », s’est aussi imposée comme la capitale religieuse du christianisme. Aujourd’hui encore les Grecs l’appellent « Constantinople » : elle a eu plusieurs noms au fil du temps, dont l’ancien nom de Byzance[2]. Le nom actuel, Istanbul, dérivé de l’expression grecque eis tēn polin, signifie ad Urbem, c’est-à-dire « [aller] à Rome », dans la « Nouvelle Rome »[3].

Après neuf cents ans, en 1453, avec la conquête de la ville par les Ottomans, le sultan Mehmed II transforma la basilique en mosquée. Puis, cinq siècles plus tard, en 1934, le premier président de la Turquie moderne, Mustafa Kemal, connu sous le nom d’Atatürk (« le père des Turcs »), la convertit en musée[4]. On peut encore y admirer quelques-unes des magnifiques mosaïques, sur fond d’or, qui recouvrent les voûtes, les coupoles et les murs : celle de la Deesis (de la « prière »), où le Christ, la Vierge et Jean-Baptiste prient pour le salut des hommes ; les icônes de la Vierge Marie et de l’archange Gabriel ; puis celles des saints, des empereurs et des impératrices, et divers motifs floraux et géométriques dans un style décoratif. La basilique est entrée dans l’histoire comme « l’un des plus grands chefs-d’œuvre architecturaux qui aient jamais existé[5] ».

En 1985, la basilique Sainte-Sophie a été déclarée « site du patrimoine mondial » par l’UNESCO. C’est l’un des plus beaux monuments de Turquie et, en 2019, près de quatre millions de visiteurs l’ont admiré.

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