L’ordre mondial libéral (Liberal World Order) institué après la Seconde Guerre mondiale est en train de s’effriter à un rythme rapide. Le monde, et en particulier le monde occidental, traverse une crise de gouvernance responsable. Les gouvernements ne respectent plus les traités et les accords ; des coalitions gouvernementales naguère solides, comme celle de l’Allemagne appelée la « grande coalition », sont aujourd’hui remises en question ; les alliances se brisent, les organisations et les programmes internationaux n’ont ni les fonds ni les consensus nécessaires pour œuvrer de manière efficace. Les institutions politiques de la Grande-Bretagne sont en train de céder sous le poids de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et font craindre un Brexit « dur ». Des souverainistes populistes sont en train de tisser des réseaux visant à remettre en question l’Union européenne, qui, en son temps, a peut-être été le résultat le plus important de l’ordre libéral mondial.
Sous l’administration Trump, les États-Unis ont unilatéralement dénoncé plusieurs traités : l’accord commercial dit « Accord de partenariat transpacifique » (TPP) ; le traité de Paris sur le climat (COP 21) ; le Plan global d’action conjoint (JCPOA), visant à freiner les ambitions nucléaires de l’Iran ; et le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF). Ils se sont retirés de l’UNESCO, ils ont menacé de faire la même chose à propos de l’Organisation mondiale du commerce, et, dans la lignée de leur politique America First, ils ont manifesté leur aversion envers les traités et les organisations internationales, y compris l’OTAN.
La collaboration internationale portant sur les problématiques mondiales est désormais un pâle souvenir, à peine concevable dans la situation actuelle. La décision américaine d’abandonner le Traité INF remet en question le renouvellement et la prorogation du Traité New Start, qui engage les États-Unis et la Russie à limiter les armes stratégiques, traité qui arrive à son terme l’année prochaine. Les Européens s’opposent activement au diktat américain sur l’accord nucléaire iranien, du moment où la pression des États-Unis a conduit l’Iran au bord de la rupture des engagements souscrits dans le cadre du JCPOA.
En outre, bien que la science apporte de multiples preuves des conséquences du réchauffement mondial — élévation du niveau de la mer, fonte des glaces, désertification et manifestations climatiques anormales — et de leur aggravation, la possibilité de voir se développer une action concertée au niveau international à propos du changement climatique se réduit à la suite du recul des États-Unis et de l’accentuation de l’exploitation du charbon par la Chine dans le contexte de ses politiques fortes d’industrialisation de la Belt and Road (BRI), la nouvelle route de la soie.
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