FOI ET GNOSE
Last Updated Date : 30 novembre 2021
Published Date:17 juin 2020

Lorsque nous avions traité de la gnose il y a quelques années[1], nous avions clairement mis en doute deux opinions contemporaines à son sujet. Les catholiques qui se plaignent de la mauvaise réception de Vatican II ou de son refus dans certaines parties de l’Église interprètent les positions anti-gnostiques actuelles comme le paravent derrière lequel se cache la résistance intégriste au Concile. Pour les agnostiques, en revanche, ces positions expriment la prise de conscience de l’échec de ces catholiques qui considèrent que l’enseignement du magistère de l’Église est ignoré dans l’espace public et pour cela ils ont inventé l’épouvantail de la gnose. Les deux sont des opinions dangereuses tant sur le plan culturel que théologique. Nous voulons ici réitérer le danger pour la foi de la renaissance de la gnose.

Une réalité : le réveil de la gnose

« Le fait que nous assistions aujourd’hui à un réveil de la gnose semble être un fait acquis, trop de voix atteste de ce retour. »[2]

Si la reviviscence de la gnose est phénoménologiquement acquise , le problème historiographique reste ouvert. Existe-t-il une relation entre la gnose contemporaine et la gnose classique des IIe-IIIe siècles après Jésus-Christ, qui, dans la culture occidentale, constitue le critère et la référence des formes de gnoses ultérieures ? Filoramo répond négativement à la question[3]. Peut-être est-il possible de prouver historiquement une certaine continuité entre la gnose ancienne et les formes gnostiques successives jusqu’au catharisme médiéval, mais avec les traditions ésotériques nées à la Renaissance, il est difficile d’admettre leur continuité génétique à partir des formes gnostiques les plus anciennes. En général, quand naît – dans des lieux et des temps différents – le besoin de répondre à une question religieuse de salut, alors surgit spontanément un cas de gnose. Pensez à la théosophie de Jakob Böhme au XVIIe siècle.

Mais maintenant il est temps de décrire le sens des termes. La gnose hétérodoxe des débuts du christianisme était un mouvement religieux qui interprétait l’existence humaine sous la pression d’un sentiment d’angoisse, découlant de la perception de l’étrangeté du cosmos pour l’homme. Le monde sensible a été rejeté comme la prison dans laquelle l’homme se trouve précipité et dont il doit se libérer pour retourner dans le monde de la plénitude divine (plērōma), qui est la patrie de son élément spirituel. On postulait ainsi de façon dualiste la stricte opposition ontologique entre l’élément spirituel et l’élément matériel chez l’homme et avec la nécessité de deux principes opposés créateurs de deux mondes opposés – celui de l’esprit et celui de la matière – on refusait la doctrine de l’unicité de Dieu créateur. Ainsi, la gnose était une doctrine religieuse capable d’offrir à ses fidèles une perfection construite à partir de la connaissance (gnōsis) de certaines réalités non évidentes.

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