Au début du printemps 2014, en une soirée froide, un groupe d’environ 50 personnes portant des chemises bleues était rassemblées sur le trottoir devant le siège d’une célèbre banque américaine. Ils avaient allumé des torches et beaucoup de clients de la banque ont raconté des histoires d’arrêt de crédit, de désorganisation et de négligence qui les avaient noyés dans des dettes et exposés à des saisies injustes, en particulier parmi les clients de la communauté de couleur.
Verjie, une infirmière, parle dans un mégaphone. Il a vécu près de vingt ans à Cambria Heights, dans le quartier de Queens, à New York. Immigré d’un pays des Caraïbes, il parle l’anglais comme seconde langue. Lorsque lui et sa femme ont acheté une maison en 1997, ils ont obtenu un prêt à un taux très élevé, soit 11% (le taux normal étant de 6 à 9%). En 2000, sa femme est morte. Verjie a présenté les documents pour transférer le prêt en son nom, mais cela n’a jamais abouti. Il a toujours respecté échéances durant les 12 ans, jusqu’à ce qu’il soit blessé et cesse de travailler. Comme il n’était plus capable de payer l’intégralité des acomptes provisionnels sur le solde restant de 90 000 dollars, il a demandé que les conditions du prêt soient modifiées. Mais la banque a répondu qu’elle ne pouvait pas traiter avec lui, puisque son nom ne se trouvait pas sur l’en-tête du prêt. Au cours des deux années suivantes, alors qu’il tentait de résoudre le problème, les commissions et les intérêts s’étaient accumulés et le solde du prêt avait atteint 120 000 $. À ce stade, la banque a entamé la procédure d’expropriation. Le créancier l’a poursuivi et a tenté de lui enlever sa maison.
Un épisode similaire est raconté dans la Bible. En 2 Rois 4,17, un créancier s’en prend à une veuve. Son mari est mort et elle ne peut pas payer sa dette ; alors le créancier menace de prendre ses enfants comme esclaves. Devant cette situation désespérée, elle va voir le prophète Élisée, crie et manifeste sa propre revendication devant lui : son mari craignait Dieu et a servi Élisée. Le prophète lui répond ; l’huile se multiplie miraculeusement, et le problème est résolu. Cette histoire fait partie d’une série d’événements miraculeux relatés dans 1 et 2 Rois, dont les protagonistes sont Élie et Élisée.
Dans cette histoire particulière, Élisée est le seul personnage dont le nom est mentionné : lui et ses pouvoirs extraordinaires sont au centre du récit[1]. L’histoire appartient au genre légendaire, qui traite principalement du « merveilleux, miraculeux, exemplaire », pour inviter à respecter les hommes saints[2]. Selon Walter Brueggemann, des récits miraculeux comme celui de 2 Rois 4,1-7 avaient pour objectif principal « d’accroître la réputation, le pouvoir et l’autorité du prophète »[3]. La femme dans cette histoire n’a pas de nom : cela indique un manque de status et le terme « veuve » est utilisé dans un sens descriptif pour représenter un groupe social plus large.
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