ENTRE L’OBSCURITÉ ET LA LUMIÈRE Les itinéraires de Leonard Cohen
Last Updated Date : 3 novembre 2023
Published Date:3 août 2017

Le 7 novembre 2016, Leonard Cohen — auteur-compositeur-interprète, poète et écrivain canadien — s’est éteint à Los Angeles. Deux semaines auparavant, le 21 octobre 2016, sa dernière œuvre discographique, intitulée You Want It Darker, était sortie, quelques jours à peine après l’attribution du prix Nobel de littérature à Bob Dylan. Faisant référence à la distinction de Bob Dylan, lors d’un événement organisé auprès du consulat canadien de la ville de Los Angeles, Leonard Cohen affirma que c’était comme « épingler une médaille sur le mont Everest pour le reconnaître comme la plus haute montagne[1] ».

Bien qu’ils aient suivi la même voie de la chanson, de la poésie et de l’écriture, les deux artistes — ayant en commun leurs origines juives — ont une poétique et une manière d’observer la réalité très différente : si l’écriture de Bob Dylan[2] naît au sein de la tradition des folk singers américains, avec un récit narrativement cru et impétueux, Leonard Cohen élabore une poétique introspective, qui rencontre l’imaginaire biblique et la culture traditionnelle juive, et qui est imprégnée et revisitée par les expériences vitales de l’auteur.

Ira B. Nadel, dans son ouvrage La vie de Leonard Cohen, souligne le fait que l’auteur-compositeur-interprète canadien fut, dès l’enfance, sensibilisé à la beauté de la parole écrite, à la culture et à la religion juive, grâce à la fréquentation assidue de son grand-père Rabbi Salomon Klinitsky-Klein, appelé Sar ha Dikdook (« Le prince des grammairiens »), qui avait publié une œuvre sur les interprétations talmudiques, intitulée A Treasury of Rabbinic Interpretations, et le Lexicon Of Hebrew Homonyms, un dictionnaire des synonymes. En outre, son grand-père, comme l’affirme Leonard Cohen lui-même, avait l’habitude de lire des passages tirés du prophète Isaïe : « Il le relisait comme si c’était la première fois et il recommençait l’explication, et puis encore, à tel point que parfois il passait la soirée entière sur un verset ou deux[3]. »

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