DIPLOMATIE ET PROPHÉTIE
Last Updated Date : 22 février 2023
Published Date:22 janvier 2018

Poursuivant son itinéraire vers l’Est, après la Corée (2014), le Sri Lanka et les Philippines (2015), le pape François s’est rendu en Birmanie et au Bangladesh. L’avion emportant à son bord le souverain pontife a décollé de l’aéroport de Fiumicino à 22 h 10 le 26 novembre et il a atterri à l’aéroport de Rangoun à 13 h 20 (heure locale) le lendemain.

Prophétie évangélique et diplomatie : c’est peut-être ainsi que nous pourrions résumer le sens du voyage apostolique du pape François en Birmanie et au Bangladesh, c’est-à-dire au cœur du continent asiatique. Notre revue a déjà décrit la situation que le pape allait trouver, en atterrissant au point jonction entre l’Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique[1]. Les angles de lecture de ce voyage sont nombreux. Nous allons chercher à présenter les principaux.

 

L’Église « hôpital de campagne »

L’itinéraire du pape François au cœur de l’Asie intègre une dimension géopolitique. Nous pensons, par exemple, à la nouvelle route de la soie[2] et aux tensions nationalistes indiennes[3] qui concernent le secteur. Elle est liée à la dimension religieuse, en un lieu où le bouddhisme et l’islam se rencontrent et s’affrontent. Le souverain pontife est passé de la Birmanie — en grande majorité bouddhiste (88 % de la population) —, au Bangladesh — en grande partie musulman (90 %). Et le cœur de l’Asie est également, nous le savons bien, une terre de martyrs chrétiens. Dialogue politique et dialogue interreligieux sont donc les formes de la « culture de la rencontre » que le pape François prêche depuis toujours. Son regard politique est le fruit — comme il l’a affirmé lors de la conférence de presse tenue durant le vol — des questions qu’il se pose « en tant que pape ». L’Évangile est pour le monde, et il doit être un levain. Aux yeux du pape, les petites communautés chrétiennes qui sont présentes dans des pays dont la majorité religieuse est autre jouent le rôle de « semence » pour l’avenir, avec le devoir éminemment prophétique d’établir des liens et de construire des ponts dans des tissus effilochés ou même déchirés. Ne pas poser une pièce, mais refaire une couture.

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