S’il y a un mot qui résume la situation globale que vit le monde, c’est bien « crise ». Dans son discours à la Curie romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël, le pape François l’a évoqué 46 fois. « Ce Noël – a-t-il dit – est le Noël de la pandémie, de la crise sanitaire, de la crise économique, sociale et même ecclésiale qui a frappé aveuglément le monde entier. La crise a cessé d’être un lieu commun des discours et de l’establishment intellectuel pour devenir une réalité partagée par tous ».
De fait, jusqu’à récemment, « crise » semblait être le mot-clé des discours élitistes capables d’articuler la critique éclairée de la situation actuelle. La crise rappelait souvent sa spécification « existentielle » qui, au lieu de la concrétiser, la projetait dans une abstraction indéfinie. En 2020, cette crise a certainement perdu tout caractère abstrait et pris le visage du confinement, du nombre de morts, de l’économie à pic. Le 27 mars, en pleine pandémie, le Pape a prié sur une place Saint-Pierre déserte et rassemblé ainsi symboliquement toute la crise du monde, la révélant dans un lieu destiné à être, au contraire, un symbole de présence et d’unité.
La crise comme moteur de l’action
Dans son discours à la Curie, François a souhaité souligner le sens et l’importance d’être en crise. Tout d’abord, il a reconnu que « la crise est un phénomène qui investit tout et chacun. Elle est présente partout et à toute époque de l’histoire, elle implique les idéologies, la politique, l’économie, la technique, l’écologie, la religion ». C’est donc une expérience humaine fondamentale et « une étape obligatoire de l’histoire personnelle et de l’histoire sociale ». Elle ne peut être évitée, et ses effets sont toujours « un sentiment d’appréhension, d’angoisse, de déséquilibre et d’incertitude dans les choix à faire ».
On comprend déjà que la crise est un moteur de l’action et de choix, aussi parce qu’elle déstabilise et prépare de nouveaux équilibres. Elle requiert – comme la racine étymologique du verbe grec krinō, dont dérive le mot italien, le rappelle – ce travail typique d’un tamis qui nettoie le grain de blé après la récolte.
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