CONTRE LA CONSCIENCE MALHEUREUSE EN CHRISTIANISME Irénée, Hilaire, Césaire
Last Updated Date : 17 janvier 2024
Published Date:17 avril 2017

Originalité d’une tradition théologique

L’ensemble de la doctrine de la foi est la somme de toutes les inventions des chrétiens en butte aux assauts divers et variés, internes et externes, subis au cours des siècles. Il se constitue ainsi dès le début. Ainsi, les Pères grecs, Athanase (295-373), Basile (330-379), Grégoire de Nazianze (329-390), Grégoire de Nysse († 394) mettent en lumière, contre l’arianisme, la Trinité des Personnes et leur égalité éternelle et actuelle à travers l’incarnation du Fils.

Tout en participant à leur combat, les Pères latins ont eu à affronter de plein fouet le côté anthropologique de la foi dans le redoutable problème de la grâce et de la liberté humaine, agité par le moine breton Pélage (autour de 350-430), relayé par l’évêque Julien d’Éclane (autour de 380-420). La lutte ici est dominée par la figure d’Augustin (354-430), qui y consuma ses dernières forces, sans parfaitement dominer ses contradicteurs. En particulier, en face de l’obstination de Julien, il durcit les données scripturaires de la prédestination, du péché originel et de la concupiscence.

Aucune des controverses ne s’éteint jamais totalement. En Orient, celles-ci se sont développées plutôt du côté des Icônes (Jean Damascène, † avant 754). En Occident, l’influence d’Augustin et le relatif échec de sa démarche en ce domaine précis de la grâce en l’homme libre favorisent le rebondissement de siècle en siècle de la question. C’est là que s’inscrit l’importance d’une autre tradition en ce même Occident latin. Nous allons y revenir. Auparavant, retrouvons la controverse majeure de l’Occident et son devenir. Par le raidissement de ses positions sur la grâce et la nature, quels qu’aient été les aspects parfaitement positifs de son enseignement, Augustin, et surtout ses successeurs ont sécrété l’augustinisme comme une mauvaise conscience de l’Occident au cœur de ses indéniables réussites ou, pour employer l’expression récapitulative de toute cette histoire due au philosophe F.W. Hegel (1770-1831), comme une « conscience malheureuse ».

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