Saint Ignace de Loyola décrit ainsi la fin assignée à celui qui prêche et qui reçoit les Exercices spirituels : « Chercher et [à] trouver la volonté de Dieu dans le règlement de sa vie, en vue de son salut.[1] » Après s’être disposé à vouloir la purification de son cœur, celui qui pratique les Exercices doit combattre pour atteindre cette fin suprême. C’est la fin même de la vie chrétienne.
Chercher et trouver la volonté de Dieu, qu’est-ce que cela signifie ? En Dieu, il se trouve une volonté qui est sa propre essence. Vouloir la volonté de Dieu, c’est donc vouloir Dieu lui-même. Et puisque la sainteté de Dieu consiste en le fait qu’il veut — ou aime — lui-même, vouloir la volonté divine signifie participer à la sainteté de Dieu[2]. Être saints veut dire sentir et agir conformément à la volonté de Dieu. « Que ta volonté soit faite. » (Mt 6,10) Depuis toujours, la spiritualité chrétienne transmet ce désir de Jésus, et l’ascèse qu’elle inspire et recommande est centrée sur cette supplique fondamentale. En tant que formule biblique, elle résonne depuis toujours sur les lèvres des fidèles, mais est-elle véritablement comprise d’eux dans sa prégnance ?
La civilisation moderne, singulière instigatrice d’inquiétudes et d’interrogations critiques, ne favorise certes pas l’expression convaincue de cette formule. Peut-on concilier volonté de Dieu et autonomie de l’homme ? Si l’homme possède déjà dans son intelligence un critère de vérité et dans sa conscience une norme de conduite, pourquoi aurait-il besoin de la volonté de Dieu, critère qui lui est extérieur, pour se comporter selon la vérité et la morale ? Le fait d’invoquer cette volonté n’est-il pas une forme de fanatisme irrationnel ? Et ce n’est pas tout.
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