À Vienne, en été 2002, un théologien rwandais a rencontré la presse catholique autrichienne. À cette occasion, on lui a posé des questions difficiles, dont celle-ci : « Quelle image choisiriez-vous pour représenter la situation actuelle au Rwanda ? » Sans hésiter, il a répondu : « Un cimetière et un chantier ». Il était bien conscient de la réalité vécue dans ce pays, mais il ne pouvait pas la décrire comme il l’aurait souhaité. En fait, il n’y avait peut-être pas d’image plus efficace que celle-là pour décrire le Rwanda : c’est un cimetière, car chaque colline a été baignée du sang d’innocents, dont les restes ont peut-être été enterrés à la hâte sur place. Mais c’est aussi un chantier, car nous essayons de reconstruire le pays pour combler les gouffres d’abattement et de désespoir qui marquent son paysage.
Vingt-neuf ans après le génocide contre les Tutsi, orchestré par les responsables des institutions, beaucoup se demandent encore comment a pu se produire ce crime monstrueux qui a causé environ un million de morts en seulement 100 jours[1]. Alors que nous nous souvenons de l’horrible passé du Rwanda, nous devons nous demander : comment tant de personnes ont-elles pu être tuées alors que le reste du monde se tenait là et gardait le silence ?
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Les sociologues nous disent que nous vivons dans une culture de la séduction. Après la chute des grandes utopies de l’époque moderne — capitalisme et socialisme —, un sentiment de désillusion a rempli les espaces de la société post-moderne. Tant d’efforts et d’illusions ont été bouleversés et semblent perdus : ils n’ont pas satisfait nos attentes. Face au vide de l’intériorité et à la disparition de la dimension transcendante de la vie — qui nous font nous sentir orphelins —, deux grands projets vains sont nés pour enchanter à nouveau le monde : le consumérisme et le divertissement.
Le consumérisme est une formidable invention qui touche tout endroit du monde où il se trouve quelqu’un avec un peu d’argent en poche. Il a pour symbole les grands centres commerciaux, où non seulement nous pouvons consommer de tout, mais où se crée également une manière de manger, de s’habiller, de voyager et de se divertir. Ce qui s’achète est tout un style de vie. Dans les grands centres, les produits sont offerts en abondance, exhibés dans un jeu de couleurs, de lumières et de miroirs. On y respire une odeur sophistiquée diffusée par la climatisation, dans un fond sonore qui invite à se relaxer et à tout contempler, sans penser à regarder sa montre. Cela semble être la Terre promise, et ces espaces cherchent à nous libérer de nos besoins.
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