Il y a trente ans, Primo Levi disparaissait après s’être donné la mort à l’âge de 67 ans : son corps fut retrouvé le 11 avril 1967, au pied des escaliers de sa maison de Turin. Chimiste, à la retraite depuis quelques années, il avait l’habitude de qualifier son travail de « métier du jour », pour le distinguer de l’autre, celui de la nuit, activité qui consistait à écrire ce qui le brûlait intimement de manière dramatique. Il ne se définissait pas comme un écrivain, car l’écriture n’était pas pour lui un métier, mais un « non-métier » : elle était plutôt le repos, la liberté, la réflexion.
Primo Levi fut un partisan et surtout un témoin de l’horreur du Lager, documentant pour le monde entier la tragédie d’un génocide qui a marqué l’histoire de l’humanité : « J’écris ce que je ne saurais dire à personne », écrivait-il dans l’appendice à son ouvrage Si c’est un homme, révélant son important besoin de raconter et de communiquer.
Il avait 24 ans lorsqu’il fut enfermé dans le camp de concentration d’Auschwitz, en mars 1944 ; il y resta onze mois, jusqu’à la libération. Ayant survécu aux privations, à la faim, aux humiliations, Primo Levi réussit à rentrer en Italie à l’issue d’un parcours tortueux, une véritable odyssée, à travers la Pologne, la Russie blanche, l’Ukraine, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche : un voyage qu’il raconta ensuite dans son ouvrage La trêve, paru en 1963. Son chef-d’œuvre, Si c’est un homme, date quant à lui de 1947. Il y évoque sa captivité à Auschwitz et les atrocités subies dans ce camp de concentration.
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