DES ABUS AU NOM DE DIEU ?
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Les abus dont il est question dans cet article sont des distorsions de l’exercice de l’autorité et de la manière de vivre l’obéissance, vertu qui unit tous les chrétiens et les identifie au Christ, lui-même obéissant au Père jusqu’à la mort sur la croix. A fortiori, l’identification au Christ dans l’obéissance est vécue par les personnes consacrées lorsque, par vœu, elles s’engagent à obéir à leurs supérieurs légitimes. De même, les diacres et les prêtres diocésains en font l’expérience lorsqu’ils promettent l’obéissance à leur évêque au moment de l’ordination.

L’importance de l’obéissance est reconnue dans la vie de l’Église depuis ses débuts. Clément de Rome nous en donne un exemple lorsque, dans la Lettre aux Corinthiens, il parle de la soumission à la hiérarchie ecclésiastique comme moyen d’accomplir le mandat du Christ lui-même. Ainsi, chacun, dans l’accomplissement de son devoir et dans le respect de la dignité des autres, contribue, précisément par l’obéissance, à l’édification du corps du Christ.

Parfois, surtout dans la vie consacrée, on peut être appelé à vivre l’obéissance dans des circonstances particulièrement difficiles, où la tentation du découragement et de la méfiance peut surgir. À cet égard, saint Benoît, père du monachisme, a toujours demandé qu’il y ait un dialogue confiant entre le moine et l’abbé et a invité à l’obéissance par amour pour Dieu et par confiance en son aide. Et saint François d’Assise a insisté sur une « obéissance d’amour », par laquelle le moine, même en sacrifiant ses propres opinions, accomplit ce qui est demandé parce qu’ainsi il « plaît à Dieu et au prochain ».

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DISCERNER ET ACCOMPAGNER Les indications de « Amoris laetita »
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La devise choisie par Mgr Bergoglio pour son blason épiscopal, qu’il a ensuite conservé en tant que souverain pontife, est Miserando atque eligendo. Elle fait non seulement référence à la miséricorde de Dieu, mais aussi au fait qu’Il choisit — Jorge Bergoglio, comme chacun de nous — de manière particulière, personnalisée et personnalisante.

L’amour miséricordieux du Père aime son Fils — selon la terminologie de Romano Guardini — comme « le concret vivant » et, dans le Christ, il aime individuellement chacun et chacune d’entre nous comme des « concrets vivants », dans notre propre unicité non répétable. Rappelons-nous que Jorge Bergoglio avait choisi comme thème de sa thèse de doctorat en théologie, qui portait sur Romano Guardini, l’œuvre de ce dernier intitulée L’opposizione polare. Saggio per una filosofia del concreto vivente, pensant, en premier lieu, au Christ, mais aussi à toute personne humaine en tant que singulière et unique.

Le « concret vivant » de Romano Guardini correspond à l’« universel concret » de Maurice Blondel (très différent de celui de Hegel) ou à ce que le philosophe argentin Mario Casalla nomme « universel situé », dont l’universalité est véritable, non abstraite, mais bien concrète, vivante, située et analogique selon les temps historiques, les espaces culturels et les singularités personnelles.

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