Le personnage de Moïse est le protagoniste incontesté de la grande épopée du peuple hébreu libéré de l’esclavage en Égypte et conduit par lui jusqu’au seuil de la terre que le Seigneur a promis de donner à Israël. Pour la tradition hébraïque, Moïse a écrit la Torah, il est le médiateur-pont entre le Seigneur et son peuple, l’intercesseur proche de Dieu comme nul autre. Après le Seigneur Dieu, il est le personnage principal des livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome.
À la fin de la Torah, la figure de Moïse est saluée en ces termes : « Il n’y a plus en Israël de prophète comme Moïse, qui connaisse le Seigneur face à face » (Dt 34,10). Moïse est le prophète – en hébreu nāḇî –, c’est-à-dire celui qui est appelé, mais aussi celui qui appelle, proclame, annonce ou invoque ; et il est donc dans une relation privilégiée avec le Seigneur. Toutefois, dans l’accomplissement de cette tâche, il n’est pas seul mais bien accompagné d’autres collaborateurs, que la Bible appelle, comme lui, « prophètes ». Le prophète Michée les énumère et les place côte à côte comme des envoyés du Seigneur : « Parce que je t’ai fait monter du pays d’Égypte, parce que je t’ai racheté de la maison de servitude, j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Mariam » (Mi 6,4).
Aaron et Mariam sont respectivement qualifiés de « prophète » (Ex 7,1) et de « prophétesse » (Ex 15,20), au même titre que Moïse, dont ils sont frère et sœur. Comment Moïse, Mariam et Aaron vont-ils interagir entre eux, étant à la fois prophètes et frères et sœurs ? Y aura-t-il aussi de la place pour d’autres prophètes en Israël ?
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