Publié en 1968, le livre Men in Dark Times a encore quelque chose à dire à notre époque. Hannah Arendt l’a écrit il y a longtemps, il est vrai, et l’ouvrage consiste en un recueil d’essais consacrés à des personnes qui ont vécu la majeure partie de leur vie durant la première moitié du siècle dernier, à l’exception de Lessing.

Pourtant, une lumière brille dans la vie de ces personnes qui nous précèdent : le fait que certaines d’entre elles n’ont jamais perdu leur intégrité dans le contexte difficile dans lequel elles vivaient. C’est pour nous aujourd’hui non seulement un rappel des dangers idéologiques qui nous menacent encore, mais aussi un ferment d’espoir dans une humanité qui, bien que souvent cachée, nous encourage pour l’avenir.

En effet, le monde dans lequel Arendt a vécu avec les personnages dont la vie est un leitmotiv de sa réflexion a été empoisonné par les idéologies totalitaires qui ont marqué le siècle dernier. Dans le contexte qui nous a amené deux grandes guerres et une polarisation idéologique croissante qui s’est poursuivie, dans une certaine mesure, dans l’après-guerre, certains ne se sont pas laissé réduire à être de purs enfants de leur temps. Ce sont les personnes qu’Arendt appelle « les hommes des temps sombres ».

Le 18 novembre 2017, au siège de La Civiltà Cattolica, s’est tenue la présentation du livre Dans l’âme de la Chine. Sagesse, histoire, foi. Les intervenants étaient le président du Conseil, monsieur Paolo Gentiloni, le père Federico Lombardi et le professeur Romano Prodi.

Cet ouvrage rassemble des études menées par La Civiltà Cattolica et souhaite pénétrer avec discrétion, humilité et admiration « dans l’âme de la Chine », c’est-à-dire dans le cœur d’une culture et d’une civilisation extrêmement anciennes. Notre revue s’est toujours penchée avec grande attention sur les questions chinoises. C’est justement dans le droit fil de cette tradition que la revue a publié durant l’année et demie écoulée une bonne quinzaine d’études et d’approfondissements sur ce thème.

Nous rapportons ci-après, dans l’ordre chronologique, les interventions des orateurs. Nous publierons également en fin d’exposé l’introduction de notre directeur, le père Antonio Spadaro, qui a dirigé la publication de l’ouvrage.