Dans l’évolution des idées de l’Ancien Testament, le thème de la « fraternité » a un développement assez cohérent, dans lequel il faut aussi prendre en compte des implications de l’être-frères qui ne sont pas toujours signalées par les termes « sœur » et « frère ». On dirait que tout le chemin de la révélation biblique reste tendu entre deux extrémités : commençant d’Adam, le point d’origine d’une humanité liée par une communion de sang parce qu’elle descend « d’un seul homme » (Ac 17,26 ; cf. Gn 1-2), et se terminant en Jésus-Christ, « premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8, 29), et donc le seul lieu de communion où la fraternité originelle entre les hommes est pleinement accomplie. Toutefois, cette fraternité de tous les hommes dans le Seigneur découle de la relation de Fils que Jésus entretient avec le Père, et indique notre nouvelle façon de nous rapporter à Dieu en Jésus-Christ, c’est-à-dire celle des enfants avec le Père.
Cependant, dans le Nouveau Testament, l’existence humaine a une problématique constitutive, qui met à nu la façon ambiguë dont nous sommes frères. L’homme est le fils d’Adam, l’unique aïeul de la première création, et il est enfant de Dieu parce qu’il est racheté dans le Christ. On dirait qu’il était marquée à l’origine par une double paternité, dont découle un double titre de fraternité, pas moins qu’une tension intérieure.
En réalité, la paternité de Dieu ne chevauche pas celle d’Adam, mais remonte jusqu’à Dieu à partir d’Adam, « fils de Dieu » (Lc 3,38). Il en va de même pour la fraternité, qui passe désormais par la personne divine et humaine du Seigneur Jésus, et soude la fraternité divine de l’homme dans la communion de sang avec Lui. Pourtant, l’histoire de l’Ancien Testament l’enrichissait déjà d’épaisseur et de sens à travers les alliances successives avec Abraham, Moïse, David et Aaron, qui semblaient la restreindre et la particulariser. L’alliance avec Dieu – la nouvelle comme l’ancienne – est une école privilégiée de fraternité.
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