Le monde contemporain s’interroge sur l’attitude à tenir vis-à-vis de l’Église : pour les uns, elle appartient au passé et ne peut que gêner les développements à venir de la civilisation ; pour d’autres au contraire l’influence qu’elle exerce dans la société fortifie et guide les forces morales qui assurent l’orientation du progrès ; pour d autres enfin elle détient la clé de la justice et de la paix dans un monde en voie de globalisation.

Cette mise en question concerne en fait toutes les forces religieuses et toutes les traditions culturelles car chacune se trouve avoir tissé des liens plus étroits avec les conceptions particulières qui sont à l’origine de la civilisation à l’intérieur de laquelle elles se sont développées. N’est-ce pas d’ailleurs pour surmonter les différences et oppositions qui en résultent qu’ont été créées les Institutions internationales ? Le but qui est leur est assigné n’est-il pas justement de permettre à des peuples venant d’horizons divers et se réclamant de croyances ou systèmes philosophiques opposés de construire progressivement les bases de leur unité en leur faisant découvrir ce qui les rapproche, bien qu’ils soient présentement séparés du fait des contenus différents qu’ils donnent aux valeurs de justice, de paix et de liberté auxquelles lis se sentent liés ?

En lisant les journaux nationaux ou en naviguant sur internet au lendemain de l’intervention du pape François sur les thèmes de la fin de vie, il aurait été difficile de se faire une idée du contenu effectif de son message. Les nombreux titres, souvent en première page, se sont distribués sur un large éventail : de « Bio-testament, le tournant de François » à « Euthanasie, aucune avancée du pape », en passant par diverses formulations intermédiaires. Si le lecteur avait ensuite poussé au-delà du titre, il aurait certainement pu trouver des éléments isolés présents dans le texte du pape, mais il aurait rarement pu obtenir un cadre d’ensemble de l’argumentation, de sa dynamique interne et de sa perspective historique.

Le débat s’est développé dans les jours qui ont suivi, avec des interventions plus larges et plus équilibrées. Il demeure cependant des aspects qui valent la peine d’être approfondis. Nous examinerons donc de plus près le message du souverain pontife pour en identifier les points principaux, en faisant attention à la manière complexe dont ils s’articulent. Ainsi, la manière dont le pape François, s’appuyant sur certains points centraux du magistère, apporte des précisions et souligne certaines choses de manière innovatrice apparaîtra clairement.